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Coupures en Côte-d'Azur: le sabotage, moyen historique d’action des faibles contre les forts

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Ce week-end, des coupures de courant ont eu lieu sur la Côte d’Azur, notamment dans les villes de Nice et Cannes. D’après l’enquête, il pourrait s'agir d’actes de vandalisme, mais qui s’apparentent fortement à du sabotage.

Le sabotage, c’est avant tout un acte révolutionnaire et politique. En général, il y a toujours des revendications derrière. Et historiquement, ce moyen d’action, c’est celui des faibles contre les forts.

Quelles étaient les premières formes de sabotage?

Alors, le sabotage ça vient d’Angleterre. Au début du XIXe siècle, c’est le début de l’ère industrielle. Et avec elle, l’arrivée des machines dans les usines. Des machines qui étaient là pour remplacer les ouvriers. Evidemment, les ouvriers se rebellent. Et en signe de protestation, ils commencent à détruire les métiers à tisser mécaniques sur lesquels ils devaient travailler. Ce mouvement, ça s’appelait le luddisme. Ca dure et ça prend de l’ampleur. Donc le gouvernement anglais réagit. Et il fait passer une loi très sévère : tout ouvrier qui casse sa machine est passible de la peine de mort. Des ouvriers sont d’ailleurs exécutés.

La matinale 100% info et auditeurs. Tous les matins, Apolline de Malherbe décrypte l'actualité du jour dans la bonne humeur, avec un journal toutes les demies-heures, Charles Magnien, le relais des auditeurs, Emmanuel Lechypre pour l'économie, et Matthieu Belliard pour ses explications quotidennes. L'humoriste Arnaud Demanche vient compléter la bande avec deux rendez-vous à 7h20 et 8h20.
Chevallier remonte le temps : Sabotage, de la lutte ouvrière à la cyberguerre - 27/05
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Ca devient une façon de revendiquer des droits et de protester. Et une autre forme de sabotage va voir le jour, ça consistait tout simplement à mal faire son travail. En Ecosse, à la fin du XIXe siècle, des dockers étaient mis en concurrence avec des ouvriers inexpérimentés. Un moyen comme un autre pour ne pas augmenter les salaires. Donc pour montrer qu’ils avaient de la valeur, les dockers se mettent à bâcler leur travail. Cette action a un écho en France puisque la CGT se saisit de la question. En 1897, elle adopte le sabotage comme un des moyens de la lutte ouvrière. La technique sera reprise dans le monde entier, y compris aux Etats-Unis.

Le sabotage, c’est aussi une technique de guerre…

Une technique qui va connaître son apogée pendant la Seconde Guerre mondiale. En France, la Résistance en fait sa première arme contre l’occupation nazie. Et le plus souvent, ça consistait à saboter les rails des trains. C’était très efficace. Puisqu’un un des principaux moyens de transport de l’armée allemande, c’était le train. Il suffisait de déboulonner un rail ou de poser un explosif pour immobiliser des milliers d’hommes, des tonnes de munitions ou de la marchandise. Ca marchait tellement bien que l’Angleterre crée même un service dédié au sabotage, le tout premier au monde : le SOE. Sa mission, c’était soutenir tous les mouvements de résistance à travers l’Europe. Son action sera décisive. A la veille du débarquement de juin 1944 on recense, rien qu’en France, plus de 1 000 opérations de sabotage par mois.

Depuis, le sabotage s’est adapté aux nouvelles technologies…

La cyberguerre, en réalité, c’est du sabotage de base. Un minimum de moyens pour un maximum de résultats. Le but, c’est déstabiliser les systèmes informatiques, pirater des serveurs et provoquer des bugs massifs. La Russie en a par exemple fait sa grande spécialité. Pour répondre à la menace, la France a d’ailleurs crée sa première cyber armée en 2016. Le sabotage n’est plus seulement une façon de résister, c’est devenu aussi important que la guerre conventionnelle.

Arthur Chevallier (édité par J.A.)