Déclarations de patrimoine des candidats: "la législation progresse beaucoup grâce aux scandales"

- - AFP
Eric Alt est le vice-président de l'association Anticor.
"La logique de la déclaration de patrimoine c'est de comparer la richesse d'un candidat au moment de son entrée en fonction et celle-ci au moment de la sortie de fonction.
Pour les candidats à l'élection présidentielle, ça sert surtout à évaluer la cohérence entre le patrimoine et les revenus. Ce n'est pas quelque chose d'essentiel puisque les électeurs ne vont pas se décider en fonction du patrimoine: on peut être honnête en étant riche ou pauvre. Il faut qu'elle soit 'exacte, exhaustive et sincère' et un manquement à cette déclaration peut avoir des conséquences.
Mais la Haute autorité n'a pas de pouvoir d'enquête, pas de pouvoir de police. Elle dépend pour une partie de l'administration fiscale, ce qui veut dire que certains éléments peuvent passer sous les radars. C'est une question qu'on s'est posée pour le patrimoine de M. Macron donc on lui a suggéré respectueusement de bien vouloir reconsidérer, refaire les calculs et approfondir l'enquête.
"La Haute Autorité fait confiance à l'autocontrôle"
La procédure d'examen est devenue routinière et ils savent détecter mais cela ne permet pas d'aller voir dans le détail. Le président de la Haute Autorité a d'ailleurs demandé que davantage de moyens leur soit affectés.
Pour l'emploi des assistants parlementaires par exemple, la Haute Autorité peut vérifier que ce ne sont pas des employés de lobbyistes ou d'entreprises. Mais elle n'a pas les moyens d'aller voir si la déclaration correspond bien à la réalité. Elle enregistre, met sur le site internet et fait confiance à un autocontrôle qui est loin d'être la culture dominante.
Les moyens mis en place permettent d'aller plus loin qu'on allait auparavant, mais on n'est pas allé au bout de la logique. La création de la Haute Autorité a été faite dans une législation de panique, très rapidement, et les parlementaires n'étaient pas forcément prêts à confier à la Haute Autorité des pouvoirs très importants, d'où cette carence qui pourra être comblée.
Notre législation progresse beaucoup grâce aux scandales. De l'accumulation des scandales distillés pendant cette campagne présidentielle, il restera forcément quelque chose et forcément des mesures seront prises. Donc ce sera un défi pour le prochain président.
"Une absence totale de contrôle de l'activité parlementaire"
Car ce qu'il y a derrière l'affaire Le Roux, ce qu'il y a derrière l'affaire Fillon, c'est une absence totale ou quasi totale de contrôle de l'activité parlementaire. Les parlementaires ont des fonds dont ils disposent de manière quasi discrétionnaire sans aucun contrôle. Mais l'affaire Le Roux et l'embauche d'assistants parlementaires, ce serait encore possible juridiquement. Il y aura peut-être moins de tentations au vu de ce qui s'est passé mais juridiquement c'est possible.
Il faudra faire en sorte que le parlement entre dans une culture de contrôle ce qui favorisera une culture de probité.
Il n'y a pas de cadeau en politique. Si on vous offre un costume, vous deviendrez l'obligé de la personne qui vous offre le costume. L'obligé ce n'est pas forcément rendre un service mais s'il a besoin de passer un coup de téléphone on le prendra directement au téléphone alors que normalement un président ne prend pas les gens directement au téléphone".