Demandes d'asile en baisse, expulsions en hausse: comment expliquer les chiffres de l'immigration 2024?

Plus d'expulsions, moins de demandes d'asile, moins de régularisation. Les chiffres de l'immigration 2024 publiés par le ministère de l'Intérieur mardi montrent une baisse du nombre de régularisations de 10% et un ralentissement des arrivées légales.
La France semble moins attirer: le nombre de premiers titres de séjour délivrés a augmenté de 1,8% l’an dernier pour s'établir à 336.700, un niveau inédit mais une hausse beaucoup moins élevée que les années précédentes:
"Cela concerne les étudiants (33%) la catégorie la plus nombreuse, le regroupement familial (25%), 16% de motif économique et 16% de motif humanitaire", détaille ce mercredi sur RMC et RMC Story Nicolas Pouvreau-Monti, directeur de l'observatoire de l'immigration et de la démographie.
"C'est une hausse structurelle qui se poursuit quelles que soient les majorités et aujourd'hui, 4 millions de personnes sont sur le territoire français avec un titre de séjour, soit 30% de plus qu'en 2017", détaille-t-il.
Demandes d'asile en baisse
Dans ces octrois des titres de séjour, les pays les plus représentés sont le Maroc (11%), l'Algérie (9%) et la Tunisie (7%) suivis de la Chine (4%) et des Etats-Unis (4%): "Derrière, il y a une forte poussée de l'immigration en provenance d'Afrique subsaharienne, qui a doublé depuis le milieu des années 2000.
A contrario, hormis la Chine, il y a un déclin de l'immigration venue d'Asie du sud-est, du Vietnam, du Laos et du Cambodge notamment.
De leur côté, les demandes d'asile ont diminué de 5,5%: "Il y a eu 38% de franchissements irréguliers de frontières en moins détectés par Frontex", explique Nicolas Pouvreau-Monti, notamment sur la route de Méditerranée centrale, remontant de l'Italie pour atteindre la France.
Fait notable, une inversion a été enregistrée. Les Ukrainiens ont été plus nombreux que les Afghans a déposer une demande d'asile: "Depuis 2022, les Ukrainiens n'avaient pas besoin de demander l'asile. Ils avaient un statut spécial de protection temporaire mais maintenant certains anticipent la fin potentielle de ce statut et visent un statut de réfugié plus durable", détaille Nicolas Pouvreau-Monti.
Des expulsions en hausse grâce au retour volontaire?
L'Etat a aussi mis un coup d'accélérateur sur les expulsions d'étrangers en 2024: +26,7% par rapport à 2023, soit 21.600 clandestins renvoyés dans leur pays. Le nombre d’interpellations d’étrangers en situation irrégulière n’a jamais été aussi haut depuis 10 ans : 147.000, soit 45% de plus qu’en 2014.
Insuffisant pour l'extrême-droite qui évoque un laxisme tandis que Bruno Retailleau le ministre de l'Intérieur évoque un retour de la fermeté: "Le ministère de l'Intérieur a raison d'insister sur la hausse du nombre d'expulsions. Ces expulsions sont notamment des éloignements aidés avec des aides au retour volontaire. Et 21.000 éloignements, c'est moins qu'avant le Covid où l'on en recensait 23.000".