"Dire qu'on n'a pas peur, ce serait mentir": comment les policiers font face aux violences

"Si je vous parle d'enfer, je pense que le mot est faible". Les forces de l'ordre font face à une violence extrême ces derniers jours, alors que la France a été touchée par une nouvelle nuit de tensions. Après la mort de Nahel (17 ans), mardi à Nanterre, les émeutes, les saccages et pillages se sont poursuivs pour une troisième nuit consécutive.
William Maury, responsable "nuit" au syndicat de police Alliance, témoigne sur RMC ce vendredi matin d'un "déferlement de violence" sur tout le territoire, et pas que dans les quartiers dits "sensibles". Des mairies ou encore des bus ont été incendiés.
"Tout ça sous le prétexte d'un deuil", souffle-t-il.
"Se faire du flic", pour venger Nahel
40.000 agents des forces de l'ordre étaient déployés jeudi soir dans tout le pays. La BRI, le Raid et le GIGN étaient engagés sur le terrain. Comme le confirme William Maury, tous sont confrontés à une explosion de violence rarement vécue.
"Dans certaines villes, on en est à rappeler les effectifs de jour en urgence en pleine nuit", explique William Maury.
Des affrontements aussi violents, simultanés et généralisés, au point de manquer de munitions dans plusieurs villes de France, c'est exceptionnel, souligne un autre policier. Du jamais-vu depuis les émeutes de 2005. Car même dans des quartiers calmes, d'habitude loin des soulèvements, des voitures ont brûlé et des tirs de mortiers d'artifice tirés contre les forces de l'ordre, souligne-t-il.
Les agents interviennent avec la crainte d'être blessé, voire de mourir. Pour un jeune policier de la BAC, pas encore en poste en 2005, c'est clair: les manifestants veulent "se faire du flic", pour venger Nahel.
"Dire qu'on n'a pas peur, ce serait mentir", glisse-t-il, "mais il faut bien faire notre travail". Lui n'avait jamais fait face à pareille violence, alors difficile d'envisager un apaisement après ces nuits si difficiles, même s'ils l'espèrent. Selon le ministère de l'Intérieur, 249 policiers et gendarmes ont été blessés dans la nuit de jeudi à vendredi.