Disparition de Delphine Jubillar: après un an d'enquête, le mystère reste entier

Affaire Delphine Jubillar: des analystes du comportement observent son mari depuis six mois - AFP
La nouvelle compagne de Cédric Jubillar a été libérée hier soir après 36 heures de garde à vue. Aucune charge n’a été retenue contre elle. Le mystère de l’affaire Jubillar reste entier.
Et ce n’est pourtant pas faute de moyens. Depuis un an, c’est une enquête titanesque qui est en cours: dix gendarmes à plein temps, au moins d200 auditions, 2.500 actes et procès-verbaux, des battues avec jusqu'à 1.000 volontaires, les bois, les lacs et même des grottes alentours fouillés. Les analyses des portables et des ordinateurs, la maison passée au peigne fin, les murs scannés, presque tout a été fait. On a même analysé l’eau du siphon de la machine à laver. Et à l'arrivée, aucune preuve décisive.
Un an de mystère
C'était dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020. Le couple était en instance de divorce. Delphine Jubillar, infirmière de 33 ans, avait un amant et son mari le savait. Ils habitaient malgré tout toujours ensemble avec leurs deux enfants de 6 et 1 an, dans une maison inachevée au milieu d’une zone pavillonnaire à Cagnac-les-Mines dans le Tarn.
Ce soir-là, Cédric le père dit être allé se coucher vers 22h30. Delphine a mis au lit leur fils aîné vers 23h, après avoir envoyé un selfie à son amant. Puis à 4h du matin, Cédric à contacté les gendarmes, inquiet de la disparition.
Arrivés sur place les enquêteurs ont constaté qu’il manquait la doudoune et le téléphone de la jeune mère de famille, mais que sa voiture était là, ses papiers et sa carte de crédit aussi.
Les gendarmes ont trouvé un peu curieux le comportement du mari, qui a lancé une machine en pleine nuit pour laver une couette et qui ensuite s’est mis à jouer à "Games of Thrones" sur son téléphone.
Que sait-on de plus un an après?
Un an après, on ne sait pas grand chose. Les chiens renifleurs de la gendarmerie ont suivi une trace jusqu'à 200 mètres de la maison, mais elle ne menait pas plus loin. Une voisine a dit avoir entendu des cris de femme effrayants vers 23 heures. Mais les autres voisins n’ont rien entendu.
Le fils du couple, Louis, qui a maintenant 7 ans, a raconté avoir entendu ses parents se disputer, là encore vers 23 heures. Et c’est à peu près tout. Le travail de fourmis des gendarmes n’a pas apporté d’autres éléments déterminants.
Cédric Jubillar soupçonné et incarcéré
Malgré tout Cédric Jubillar est considéré comme le principal suspect. Il a été mis en examen et incarcéré il y a tout juste six mois. Il n’y a pas d’aveux, ni de preuves mais un faisceau d'éléments contre lui. A commencer par ses contradictions. Lors de ses premières auditions, il a dit qu’il ne savait pas que sa femme avait un amant avant d’admettre qu’il savait depuis plusieurs mois. Il a nié s'être disputé avec elle avant de finalement le reconnaître.
Mais surtout ce qui l’accuse c’est qu’avant la disparition de sa femme, il avait plusieurs fois proféré des menaces. Il avait dit à sa mère "je vais la tuer". A une tante "je vais la tuer et l’enterrer". A une amie, Myriam, "je trouverai un endroit où on ne la retrouvera pas". À une autre amie, Sarah, "si elle me quitte je la tue"…
En fait, le principal accusateur de Cédric Jubillar, c’est Cédric Jubillar. Même si lui affirme que tous ces propos étaient des mots en l’air ou des plaisanteries.
Cédric Jubillar se dit innocent
Il est constant depuis un an et se dit innocent. Il maintient sa version : il s’est couché à 23 heures et s'est réveillé un peu avant quatre heures. Juste avant de prévenir les gendarmes, il a envoyé plusieurs messages à des amies de sa femme pour demander si elles avaient des nouvelles. Il a appelé le téléphone de Delphine 189 fois. Ce qui correspond au comportement d’un mari inquiet, tel qu’il se décrit.
En sa faveur, il y a l’absence de preuve. Il n'y a pas de trace de bagarre, ou de griffure ni de trace de sang dans la maison. Pas de preuve non plus qu’il ait utilisé la voiture pour aller cacher le corps. La voiture a certes été retrouvée, garée dans un sens inhabituel, mais le moteur était froid lorsque les gendarmes sont arrivés.
Au nom de tous ces éléments, ses avocats demandent régulièrement sa remise en liberté. Sans succès. L’un de ses avocats affirme que l’on est au seuil d’une grave erreur judiciaire.
>> A LIRE AUSSI - Affaire Jubillar: qui est Séverine, la nouvelle compagne du mari, placée en garde à vue