Dix-huit ans requis contre un psychiatre-hospitalier jugé pour viol et agression sexuelle

Un marteau de juge le 26 juillet 2016 (Illustration) - Flickr - Blogtrepreneur
Une peine de dix-huit ans de réclusion criminelle a été requise vendredi contre Marc Adida, 52 ans, psychiatre-hospitalier jugé depuis lundi à Aix-en-Provence pour des viols répétés sur trois de ses patientes et une agression sexuelle sur une quatrième.
L'avocate générale Vinciane de Jongh a également réclamé un suivi socio-judiciaire avec injonction de soins pendant cinq ans, une peine de trois ans de prison en cas d'inobservation de cette obligation, ainsi qu'une interdiction définitive d'exercer la médecine.
Un mode opératoire "bien rôdé"
L'accusation a demandé aux cinq magistrats de la cour criminelle des Bouches-du-Rhône d'écarter le bénéfice de l'altération du discernement pour l'accusé, reconnu bipolaire par des experts judiciaires, le privant ainsi d'une diminution d'un tiers de la peine encourue.
"Quand on voit le mode opératoire bien rôdé, la perversité du système mis en place, j'ai la conviction qu'au moment des faits, il n'a pas son discernement altéré", a insisté la magistrate, décrivant la familiarité qu'installait le médecin avec ses proies: "Il confesse être amoureux d'elles et les conditionne pour les amener à un état de dépendance maximale".
Au-delà des quatre parties civiles, l'accusation a englobé dans les victimes du Dr Adida toutes celles qui n'ont pas déposé plainte mais ont subi des baisers forcés, ou bien encore cette étudiante en médecine de 6e année qui, au fil d'une relation sentimentale d'un an et demi, a évoqué devant la cour des rapports sexuels parfois contraints et "un viol sous stilnox", un puissant somnifère.
Absence de consentement
"La question du consentement n'est pas un enjeu dans ce dossier, a ajouté Mme de Jongh. On consent à une relation sexuelle quand on a la capacité d'en comprendre le sens, d'en mesurer les enjeux, d'en apprécier les effets. Mais aucune de ces victimes n'avait un consentement éclairé".
Après avoir promis aux parties civiles, "victimes à super-protéger", que sa plaidoirie ne contiendrait aucune remise en cause de leurs accusations, Me Christophe Pinel a axé la défense de Marc Adida, "un homme à terre", sur sa bipolarité: "Vous ne pouvez pas balayer cette réalité qu'il est malade. Et vous ne trahirez ni le dossier ni les victimes".
Dans un coup de griffe à l'Assistance publique - hôpitaux de Marseille pour qui le Dr Adida travaillait, à l'hôpital Sainte-Marguerite, l'avocat a reproché à la direction de l'AP-HM d'avoir "laissé les psychiatres laver leur linge sale en famille, seule la police (ayant) réussi à percer les murs de l'enceinte de l'hôpital". La cour criminelle devrait rendre son verdict vendredi après-midi.