RMC
Police-Justice

"Elle a une perruque, enlève lui": une femme juive accuse des policiers de violences sexistes et antisémites à Créteil

Un commissariat de police. (Photo d'illustration)

Un commissariat de police. (Photo d'illustration) - -

Sarah, une femme de 67 ans, juive orthodoxe, a été victime de violence et privée de sa perruque au commissariat de Créteil. Elle a déposé plainte le 1er février 2024 pour "violences à caractère sexiste et antisémite".

Une femme juive orthodoxe a déposé une plainte jeudi pour violences à caractère sexiste et antisémite, indiquant que des policiers du commissariat de Créteil lui avaient arraché sa perruque, a appris l'AFP lundi auprès de son avocat, confirmant des informations de Mediapart.

Sarah (le prénom a été changé), 67 ans, a raconté au site d'information avoir été conduite au commissariat à la suite d'un contrôle routier durant lequel les policiers l'ont accusée de refus d'obtempérer.

Menottée à un banc, elle explique avoir perdu connaissance. Quand elle a repris conscience, elle a entendu une policière dire à un de ses collègues "regarde, elle a une perruque sur la tête, enlève lui", ce qu'il a fait, selon la plainte qu'elle a déposée le 13 juin auprès de l'IGPN, la "police des polices", et que l'AFP a consultée.

Cette plainte a été classée sans suite pour "absence d'infraction caractérisée" fin septembre, a indiqué le parquet de Créteil, sollicité par l'AFP.

Des images révoltantes

Sarah doit être jugée le 4 mars après avoir refusé une comparution avec reconnaissance préalable de culpabilité, a ajouté le parquet, sans préciser les chefs de poursuites.

Sarah a ensuite déposé une plainte le 1er février, avec constitution de partie civile, pour violences à caractère sexiste et antisémite par personnes dépositaires de l'autorité publique, une procédure qui provoque quasi systématiquement la saisine d'un juge d'instruction.

Sur des images dévoilées par Mediapart et filmées par la caméra piéton d'un policier au commissariat, Sarah, allongée au sol, le ventre découvert, est maintenue par deux policiers hommes et crie.

"Je suis juive, je veux qu'on me rende ma perruque", dit-elle à plusieurs reprises. Dans son témoignage à Mediapart, Sarah explique qu'elle porte une perruque depuis son mariage.

Contusions, hématomes et choc psychologique

Dans sa plainte, elle indique avoir eu un malaise, auquel les policiers ne croient pas: on entend dans la vidéo une policière lui enjoindre d'"arrêter la comédie". On entend aussi les policiers se moquer d'elle à plusieurs reprises, puis la forcer à s'asseoir pour lui rendre sa perruque qu'un fonctionnaire de police finit par lui glisser sous le bras.

"Ils se moquent d'elle parce qu'elle est juive, alors qu'elle est dans un état de fragilité extrême", estime Me Alimi.

Sarah est ensuite prise en charge par les pompiers qui, d'après sa plainte, l'ont conduite aux urgences. Elle quitte l'hôpital une heure après avec son mari, sans avoir été vue par un médecin.

C'est son médecin traitant qui l'a examinée le lendemain des faits: dans son certificat consulté par l'AFP, il constate des "contusions et hématomes" et un "état de choc psychologique".

"Lui retirer (sa perruque) et en faire un jeu est une atteinte à sa dignité", a réagi Golem, collectif juif de gauche contre l'antisémitisme dont fait partie Me Alimi.

"Les policiers de Créteil connaissent la ville, ils savent qu'il y a une importante communauté juive, donc ils ne peuvent pas ne pas savoir ce que signifie une perruque" pour une femme juive orthodoxe, fustige l'avocat, ajoutant que sa cliente a subi "un traumatisme conséquent".

CA avec AFP