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Eric Mouzin: "15 ans après la disparition d'Estelle, je ne sais toujours pas ce qu'il y a dans le dossier"

Invité ce mardi de Bourdin Direct, Eric Mouzin, le père d'Estelle, disparue le 9 janvier 2003, a expliqué pourquoi il portait plainte contre l'Etat. "L'État ne met pas en place les moyens de réussir la résolution de l'enquête", a-t-il dénoncé.

Quinze ans après la disparition de sa fille, Estelle, Eric Mouzin compte attaquer l'Etat pour "faute lourde". Il accuse la justice d'avoir mal géré le dossier de la disparition de sa fille, et affirme avoir été "baladé". Estelle Mouzin, alors âgée de 9 ans, a disparu le 9 janvier 2003, vers 18h sur le chemin entre son école et son domicile à Guermantes, en Seine et Marne. Après toutes ces années, il n'y toujours aucune piste. "L'État ne met pas en place les moyens de réussir la résolution de l'enquête", a-t-il déclaré ce mardi dans Bourdin Direct.

"7 juges d'instruction se sont succédés"

Depuis la disparition, sept juges d'instruction se sont succédés pour mener l'enquête, avec à chaque fois des dossiers incomplets. "Il n'y a pas de dossier en l'état, organisé, inventorié et structuré dans lequel le juge peut transmettre des informations à son successeur. Ce qui fait que, quand un juge arrive, il se retrouve avec un dossier inexploitable, où il n'y a ni note de synthèse, ni inventaire, ni plan d'organisation, lui permettant de savoir qu'elles sont les actions engagées à court et long terme. Donc on fait de la gestion à la petite semaine", a-t-il dénoncé.

"Je sais bien que ce sont des enquêtes difficiles et qu'il est possible qu'on ne trouve pas, a poursuivi Eric Mouzin. En revanche l'Etat doit mettre en place les moyens pour réussir. Or là, on voit bien que ce n'est pas le cas (…) Les juges sont privés des moyens de travailler. Ils sont visiblement débordés, rencontrent des difficultés matérielles - notamment l'absence de moyens informatiques pour numériser le dossier, les problèmes d'effectifs des greffiers… ".

"Je ne sais pas ce qu'il y a (dans le dossier)"

"Dire qu'il ne se passe rien, c'est impossible puisque je ne sais pas ce qu'il y a (dans le dossier)", s'est-il désolé. "Il y a une espèce de perversion du système. Etant dans l'ignorance, j'en suis réduit à faire confiance a-priori à ce qu'on me dit. Mais à un moment on a envie d'asseoir sa confiance sur des éléments vérifiés. J'ai l'impression que le refus de communiquer des enquêteurs vers moi et vers les juges, ça contribue à rendre opaque leurs interventions". 

P. G. avec J-J. Bourdin