Evasion de Mohamed Amra: une enquête lancée pour évaluer les manquements administratifs

Deux semaines après son évasion sanglante, Mohamed Amra court toujours, tout comme ses complices, qui ont tué deux agents pénitentiaires pour le libérer. Un détenu dont la dangerosité a été sous-estimée. Le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, a lancé ce mercredi une enquête qui sera menée par l'Inspection générale de la justice.

Le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, a annoncé ce mercredi avoir confié une enquête à l'Inspection générale de la justice concernant Mohamed Amra. Toujours activement recherché, le détenu multirécidiviste s'est évadé après l'attaque du fourgon de l'administration pénitentiaire qui le transportait dans l'Eure.

Un guet-apens qui a révélé le profil d'un détenu très dangereux, que ne soupçonnait pas l'administration pénitentiaire. Cette enquête a donc pour but de déterminer s’il y a eu des failles dans le partage d’informations entre police, justice et prison. Car ni les surveillants, ni le directeur de l'administration pénitentiaire n'étaient au courant de la dangerosité de Mohamed Amra. Pas même le garde des Sceaux, qui l'a lui-même regretté face aux sénateurs ce mercredi.

“J’ai découvert dans la presse un certain nombre d'éléments sur le détenu Amra qui font état d’une certaine dangerosité qui ne semblait pas avoir été prise en considération. J’ai la ferme intention de faire toute la lumière sur la prise en charge du détenu Amra et notamment en ce qui concerne le partage d’informations”, a-t-il indiqué.

Un partage de l'information défaillant

Car la justice avait notamment placé la cellule du fugitif sur écoute. Des écoutes qui ont révélé un personnage violent et dangereux. Mais ces informations cruciales n’ont jamais été partagées avec l'administration pénitentiaire, regrette Emmanuel Baudin, secrétaire général FO pénitentiaire.

“Ce détenu avait un réseau et gérait un réseau. Si on avait eu tous ces éléments, on ne l’aurait sorti comme on l’a sorti et nos collègues seraient probablement toujours parmi nous. Il faut savoir qui savait et pourquoi on a rien dit”, estime-t-il.

Désormais, les syndicats pénitentiaires attendent impatiemment les conclusions de cette enquête, qui pourrait durer plusieurs semaines.

Guillaume Descours avec Julie Brault