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Police-Justice

Téléphones portables en prison: pourquoi la solution des brouilleurs n'est pas si évidente

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Mohamed Amra, dont l'évasion a causé la mort de deux agents la semaine dernière, continuait de gérer son réseau depuis sa cellule grâce à des téléphones portables. Un fléau qui touche toutes les prisons, car il est très difficile d'empêcher leur entrée. Et le problème, c'est que les centres pénitentiaires ne sont pas assez équipés pour en venir à bout.

Mohamed Amra, le détenu qui s'est évadé dans l'attaque du fourgon pénitentiaire la semaine dernière, continuait ses activités de caïd de la drogue dans sa cellule, grâce à son téléphone portable. Chaque année, des dizaines de milliers de téléphones sont saisis en détention.

S’il est quasiment impossible d'empêcher l'entrée de téléphones en prison, il est en revanche possible d'empêcher leur utilisation, selon Yann Bastière, délégué national du syndicat Unité. Et ce, grâce aux brouilleurs.

"La réelle solution, c’est le brouillage. De ne plus permettre à ces individus qui se trouvent derrière les murs de pouvoir continuer à organiser leur trafic. L’intérêt premier, c’est vraiment de couper toute communication entre ces individus et l’extérieur”, affirme-t-il.

Constat partagé par Emmanuel Baudin, secrétaire général FO Justice. Mais pour l'instant, moins d'une trentaine de prisons sont équipées de brouilleurs en France, du fait de leur coût et de certaines limites. “Un brouilleur de portable, c’est pas loin d’1 million d’euros”, appuie-t-il.

Des prisons en fonction de la dangerosité des détenus?

Et les établissements de centre-ville sont aussi contre-indiqués. “Après, on a des soucis comme à la Santé, où quand le brouilleur est trop fort, ça brouille aussi les voisins, les gens qui habitent à côté de la prison. Il faut aussi suivre l’évolution de la technologie”, appuie-t-il.

Certains brouilleurs sont déjà obsolètes, car ils ne filtrent pas la 4G et pas assez loin. Emmanuel Baudin propose une classification des détenus et des prisons.

“Tout le monde n’est pas susceptible de s’évader, tout le monde n’est pas susceptible de gérer des trafics de drogue à l’extérieur. Donc il faut, en fonction de la dangerosité du détenu, le mettre dans une prison avec un brouilleur de portable, de drone, qui fonctionne”, juge-t-il.

Depuis 2018, l'État français a investi près de 200 millions d'euros dans ces dispositifs.

Lucile Pascanet avec Guillaume Descours