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Affaire Jean Pormanove: le député PS Arthur Delaporte pointe "la responsabilité première de Kick"

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Le député PS Arthur Delaporte a fustigé, jeudi sur RMC, la responsabilité de la plateforme Kick dans la mort du streamer Jean Pormanove. La présidente de la Ligue des droits de l'homme a, elle, déploré un manque de moyens à l'Arcom.

Depuis la mort du streamer Jean Pormanove, dans la nuit de dimanche à lundi, en live sur Kick, les réactions se multiplient. Des pétitions en ligne ont même commencé à fleurir pour demander la fermeture de la plateforme de streaming en direct.

Ce drame aurait peut-être pu être évité. Des internautes avaient déjà alerté sur le réseau social X, mais les commentaires sous les extraits vidéo dans lesquels "JP" se faisait violenter sont souvent restés inaudibles.

En fin d'année 2023, le Youtuber Foufa, aux milliers d'abonnés, avait consacré une vidéo à la manipulation subie par Jean Pormanove. "J'avais repéré ces taquineries et la meilleure façon de montrer aux gens qu'il y avait un souci" était d'en faire une vidéo, explique le vidéaste.

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Mais il a été obligé de supprimer sa vidéo, face à la haine de la communauté qui regardait "JP". "Derrière, j'ai reçu une forme de harcèlement. Des gens venaient dans les commentaires exprès pour m'insulter de A à Z. À force, c'est pesant", confie Foufa.

Un manque de moyens à l'Arcom

Ces violences avaient également été repérées par Mediapart. L'enquête réalisée par le média avait mené à des gardes à vue, mais également à un signalement à l'Arcom par la Ligue des droits de l'homme. "C'était une chronique de mort annoncée, avec des violences qui ne pouvaient qu'être de plus en plus fréquentes", déplore, sur RMC, Nathalie Tehio, présidente de la Ligue des droits de l'homme.

"On demandait à l'Arcom d'intervenir, de jouer son rôle de modérateur. On n'a pas eu de réponse", ajoute Nathalie Tehio.

"Pour les précédentes saisines que nous avions faites sur d'autres affaires, le délai de réponse était à 6-7 mois. On se disait qu'on devait réitérer, mais pas de réponse", détaille-t-elle. La présidente de la Ligue des droits de l'homme justifie ces délais "si longs" par "le manque de moyens en France".

Le député PS Arthur Delaporte renchérit: "À l'Arcom, il y a 23 personnes qui travaillent sur le règlement des services numériques. Ils sont 60 en Allemagne." Le président de la commission TikTok à l'Assemblée nationale ajoute que l'Arcom "ne peut pas remplacer la justice".

"C'était plutôt le rôle de la police ou de la justice de mettre des injonctions à cette plateforme pour supprimer ces comptes", insiste Arthur Delaporte.

Kick, principal responsable?

"La véritable responsabilité n'est pas au niveau de la police, ou des magistrats", souligne l'élu socialiste. Selon lui, il y a trois responsables, d'abord "la responsabilité première de Kick, qui n'a pas régulé les contenus", mais également "des individus qui se sont engagés dans cette logique de manipulation et qui ont été violent", et "enfin de la part de tous ces internautes qui ont donné de l'argent et encouragé" ces violences.

Le député assure que ce type d'affaire "sera sans doute plus facile à gérer" à l'avenir. Arthur Delaporte affirme qu'un cadre "commence à arriver", même si la France reste "à la ramasse face aux évolutions si rapides du numérique".

Amélie Courtet et Tanguy Roman Clavelloux