Mort en direct de Jean Pormanove: "C'est que du clic, l'aspect humain disparaît totalement"

"Plus il y a de directs, plus ça rapporte de l'argent." Le journaliste spécialisé en cybersécurité Damien Bancal met en avant, ce mercredi 20 août sur RMC, les dérives de certains lives diffusés sur les plateformes de streaming telles que Kick ou TikTok.
"Ça entraîne des possibilités clairement folles de maltraitance", remarque Damien Bancal. Deux jours après la mort de Jean Pormanove, dans une vidéo diffusée en direct sur Kick. Le streamer de 46 ans était régulièrement victime de violences et d'humiliations au sein d'un groupe de créateurs de contenu. "Pour son cas, cela faisait une quinzaine de jours, où c'était du live non-stop", précise le journaliste spécialisé.
D'après ce dernier, ces plateformes peuvent créer une sorte de cercle vicieux: "Il faut pouvoir attirer les internautes, et les garder le plus longtemps possible, car il fera des dons, des cadeaux".
Des violences contre des dons
Pour attirer un maximum de monde, certains misent sur la violence. "Plus ils vont diffuser, faire des choses choquantes et marquantes, qui vont attirer une jeune population, plus ils se retrouvent à vouloir participer à des compétitions", explique Damien Bancal. Il y avait "plus de 500.000 personnes" devant les vidéos de Jean Pormanove.
"Cette méthode permet de rapporter de l'argent", ajoute-t-il.
Les violences physiques rapportent de l'argent. Alors, certains vont de plus en plus loin. "Sur TikTok, en ce moment, on voit des gens se faire tirer dessus au paintball, à la condition où on paie, on voit des gens se faire maltraiter parce que quelqu'un va envoyer des cadeaux", décrit Damien Bancal au micro d'Apolline Matin.
"Heureusement, c'est la minorité", se rassure-t-il. Mais le problème, c'est que cette minorité apparaît fréquemment sur la plateforme à cause des "algorithmes". Damien Bancal ne veut pas remettre la faute sur le public, parce qu'il "ne peut pas avoir conscience", selon lui. "C'est que du clic, l'aspect humain disparaît totalement", ajoute le journaliste.
Ces scènes sont également fréquentes sur Kick, plateforme australienne, grande concurrente du leader mondial du live streaming Twitch et aux règles de modération plus relâchées. "Kick, c'est l'enfer des réseaux sociaux. Des jeunes s'endorment et se réveillent avec ces streamers. On est dans la culture du harcèlement et de l'humiliation", argue Abel Boyi, au micro des Grandes Gueules.
Enquête ouverte
La justice a ouvert une enquête après le décès en direct d'un homme, star depuis des mois de vidéos diffusées en direct le montrant se faire frapper ou humilier, des contenus dénoncés comme une "horreur absolue" par le gouvernement. Raphaël Graven, 46 ans, connu en ligne sous les pseudos Jean Pormanove ou JP, est décédé lundi à Contes, localité au nord de Nice, "lors d'un live streaming", a indiqué le parquet de Nice.
Clara Chappaz, ministre déléguée chargée du Numérique, a dénoncé sur X "une horreur absolue" et indiqué avoir "saisi l'Arcom et effectué un signalement sur Pharos", le service de lutte contre la violence en ligne.
"JP" était suivi par des centaines de milliers d'abonnés pour ses vidéos le montrant subissant violences et autres humiliations, notamment de deux partenaires connus sous les pseudos de Narutovie et Safine.