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Agent tué à Grenoble: "Un berceau du crime organisé, un marché de la drogue extrêmement important"

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Au lendemain de la mort d’un agent municipal à Grenoble, tué par balles après un accident de la route, le suspect est encore en fuite. Sur RMC, Fréderic Ploquin, grand-reporter et spécialiste du grand banditisme, souligne que la ville est très touchée par le trafic de drogue.

Un agent municipal de 49 ans tué, un suspect en fuite. A Grenoble, ce dimanche matin, un employé de la propreté de la ville a été abattu alors qu'il tentait d'arrêter l'auteur ivre d'un accident de la circulation qui prenait la fuite. Pour Fréderic Ploquin, grand-reporter et spécialiste du grand banditisme, il est possible que cette affaire soit liée au trafic de drogue. "On a un type à 7h30 qui se balade dans une voiture surpuissante immatriculée en Pologne, peut-être de location, qui a un accident, sort un flingue et vient tuer la personne qui lui porte secours. Sur le profil de l’auteur, qui est en fuite, je ne connais pas beaucoup de gens qui se promènent avec des flingues dans leur bagnole, si ce n’est des voyous, souligne-t-il sur RMC ce lundi. S’il sort un flingue pour tuer la personne qui vient lui porter secours, la première hypothèse, c’est qu’il peut être suralcoolisé, coké, peut-être qu’il sort de boite… Il y a le délit de fuite. La seconde, c’est qu’il transporte des choses dans sa voiture. Ça peut être une cargaison d’armes, de la drogue…"

"Grenoble, c’est moins connu que Marseille. Mais Grenoble est un berceau du crime organisé en France, ajoute Fréderic Ploquin dans Apolline Matin. C’est lié à sa situation géographique, entre Lyon et la Côte d’Azur, d’une part. Et d’autre part, il y a une très ancienne implantation de la mafia italienne à Grenoble. Ça fait 40 ans qu’on s’entretue à Grenoble. Les jeunes caïds de cités s’entretuent de la même manière que les voyous. Pourquoi? D’abord parce qu’il y a cette culture de la mort. C’est comme à Marseille. Ce n’est pas la même chose à Lyon. Et il faut dire que le gâteau pour ce nouveau banditisme à Grenoble est extrêmement important. Ce n’est pas Blois ou Châteauroux. Le marché de la drogue est extrêmement important dans une ville comme Grenoble. Il y a une clientèle captive très forte. Il y a une jeunesse importante, une population universitaire. L’hiver, il y a toutes les stations de sports d’hiver qui se remplissent de touristes assoiffés de divers produits pour faire la fête la nuit. Il y a beaucoup d’argent."

L'invité du jour : Fréderic Ploquin - 09/09
L'invité du jour : Fréderic Ploquin - 09/09
8:42

"Une ‘gangstérisation’ globale de la société"

A Grenoble, comme dans d’autres villes, les trafiquants font peser un danger difficile à maîtriser. "Cet été, le procureur de Grenoble a pris la parole. Et ce qui m’a frappé, c’est qu’il a dit que le trafic, on a énormément de mal à le contenir, mais que ce qu’il voudrait empêcher, c’est qu’il y ait mort d’homme en dehors du cercle des voyous. C’était assez prémonitoire, explique Fréderic Ploquin. Je ne dis pas que ces balles, de ce dimanche, sont directement liées au trafic de stupéfiant, mais il y a effectivement un contexte, une ‘gangstérisation’ globale de la société. Il faut rappeler qu’il n’y a pas si longtemps que ça, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait éprouvé le besoin de rappeler publiquement à l’ordre le maire de Grenoble. Eric Piolle a réussi une chose formidable, c’est que Grenoble, au niveau de l’art de vivre, du cadre de vie, est considérée comme la ville n°1 en France. Il n’a pas réussi sur tous les plans. Si vous avez le plus beau cadre de vie de la Terre mais qu’à côté de ça, l’insécurité dérape de cette façon-là, c’est un bémol à prendre en considération."

"Si on regarde ce qu’il s’est passé ces derniers mois, en marge du trafic de stupéfiants, les balles perdues ont été nombreuses, poursuit le spécialiste du grand banditisme. Il y a eu des morts à Marseille, à Nîmes, à Dijon… On a affaire à des jeunes trafiquants complètement brouillons, qui n’ont plus aucune considération pour les individus qui les entourent et qui sont complètement concentrés sur leurs ennemis, leur guerre, et qui tirent avec des armes de guerre en pleine ville… Evidemment, ces armes de guerre, ils ne les contrôlent pas très, très bien. Donc ces balles perdues, Eric Piolle a raison et Christian Estrosi aussi, c’est le sujet."

Laurent Picat Journaliste RMC