"Le narcobanditisme exploite toutes les faiblesses": comment la corruption de la police s'est intensifiée?

L'IGPN, la police des polices, tire la sonnette d'alarme. La corruption explose au sein des forces de l'ordre. En 2024, il y a eu 234 affaires "d’atteintes à la probité", presque deux fois plus qu'il y a 5 ans. Les policiers sont de plus en plus exposés aux risques de corruption.
"Il n'y a pas de corruption systémique ou généralisée", tient à préciser ce jeudi sur RMC et RMC Story Stéphane Hardouin, directeur de l'Inspection générale de la police nationale. "Mais nous aurions tort d'être dans le déni, le narcobanditisme exploite toutes les vulnérabilités et notamment celles de la police", reconnaît-il.
Des policiers contactés par leurs voisins?
Car deux raisons expliquent cette hausse de la corruption. D'abord, les narcotrafiquants, font pression sur certains policiers pour obtenir ou acheter des informations sensibles.
De l’autre, de plus en plus de fonctionnaires vendent des données confidentielles pour quelques dizaines d'euros via les réseaux sociaux afin d'arrondir leurs fins de mois ou rembourser des dettes.
"Il peut y avoir des proximités entre des policiers et des voisins de leur quartier. Un processus peut se mettre en place qui peut alterner la menace, le chantage et la tentation", explique Stéphane Hardouin.
"Travailler en initiative"
Dans ces conditions, des policiers peuvent être amenés à regarder des fichiers, un geste anodin, mais ces fiches peuvent rapidement être transmises à un groupe criminel, via un simple message sur Whatsapp ou sur Telegram. Certains narcotrafiquants peuvent être prévenus qu'ils sont recherchés, des cessions de véhicules immobilisés peuvent être effectués avec des "garagistes véreux", précise Stéphane Ardouin.
Pour lutter, l'IGPN vient de décider la création d'une nouvelle délégation, la délégation nationale anticorruption: "Jusqu'à présent, nous étions saisis quand nous découvrions au hasard d'une enquête de la corruption. Nous allons travailler en initiative, anticiper, détecter, travailler avec l'Office centrale anti-cybercriminalité, faire des enquêtes sous pseudonyme et des coups d'achats sur le darkweb", précise-t-il.
Les policiers qui se seraient rendus coupables de corruption risquent l'éviction de la police et parfois même des années de prison.