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"On est tranquille": comment le quartier du Tonkin à Villeurbanne a fait disparaître le trafic de drogue?

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Le quartier du Tonkin à Villeurbanne n'est plus le même depuis quelques mois pour les habitants. Gangréné par le trafic de drogue, les opérations policières à répétition dans le quartier et d'autres action ont porté leurs fruits, faisant disparaître presque tous les points de deal.

En fin de semaine dernière, les autorités affirmaient avoir réussi leur lutte contre le trafic de drogue dans le quartier du Tonkin à Villeurbanne (Rhône). Une victoire contre l’un des plus importants points de deal de la métropole lyonnaise.

À quelques pas du parc de la Tête d’Or, coincé entre les rails du tram et les barres d’immeuble, un espace concentrait les problèmes: le parc de l’Esplanade de l’Europe Jean Monnet. Un petit poumon vert gangréné par le trafic avec 9 points de deal autour de cet espace de près de 2 hectares. Mais depuis 2 ans, la vie a changé selon la plupart des habitants, comme Mireille.

“Il y avait plein de points de deal. Il y a des associations qui se sont motivées, la mairie a pris ça en compte. Maintenant, on est beaucoup plus tranquille. On a eu beaucoup de policiers au mois de janvier. Il y avait en permanence cinq cars de police", indique cette habitante.
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La prudence reste de mise

Si la situation s’améliore considérablement, elle n’est pas parfaite. Il suffit d’échanger quelques minutes avec Anne-Marie et Jean-Paul pour s’en rendre compte. Alors que RMC parlait avec ces habitants de la vie dans le quartier il y a quelques années, Jean-Paul croit reconnaître un jeune homme, cagoulé, en trottinette dans les allées du parc.
“Chaque fois qu’on rentrait, ils étaient en bas et on ne pouvait rien dire. Là, il y a des chances que ça en soit un”, indique le couple.

À l’origine de la transformation du quartier, il y a un collectif d’habitants: Tonkin Pai(x)sible. Ils occupent l’espace public, délogent les dealers, interpellent les autorités… Et aujourd’hui, s’ils saluent le travail des forces de l’ordre, ils restent prudents. Tristan est l’un des membres-fondateurs.

“Il y a eu des efforts considérables qui ont été faits il y a à peu près un an. Les riverains en sont bien conscients et remercient les autorités pour ça. Mais par contre, il ne faut pas crier victoire trop tôt", prévient-il.

"Il y a eu une opération de police récemment, mais les dealers sont revenus aussitôt. Ils sont beaucoup moins qu’il y a six mois, il y a une amélioration très nette, mais néanmoins, ils sont toujours présents et il y a toujours du travail à faire. Il ne faut pas baisser les bras”, appuie-t-il.

Un modèle à reproduire

La présence policière, c'est l'élément majeur de la lutte contre le trafic. La mairie est d’ailleurs venue en soutien, en musclant son dispositif avec des policiers municipaux supplémentaires et des caméras de surveillance.

Mais ça ne suffit pas. Elle a aussi repensé le paysage urbain pour gêner la circulation des trafiquants. Et engagé un travail social à destination des jeunes. “Depuis septembre, on a mené des opérations dans tous les collèges du secteur avec des interventions autour des risques de l’entrée précoce dans le trafic, autour des risques de la consommation y compris avec des personnes qui sont allées en prison pour ne pas idéaliser le modèle du trafiquant de drogue”, explique Cédric Van Styvendael, le maire de Villeurbanne.

RMC a aussi rencontré la Préfète de la région Auvergne-Rhône-Alpes. À la tête de la zone de défense et de sécurité Sud-Est depuis janvier 2023, Fabienne Buccio a suivi de près l’évolution de la situation dans le quartier du Tonkin. Pour elle, ce succès pourrait être un modèle dans la lutte contre le narcotrafic:

"Ce qui est important, c’est que ce qu’on a fait au Tonkin nous serve aussi d’expérience. Une expérience réussie qu’on peut reproduire ailleurs. Donc on va se servir de tout ce qu’on a appris, acquis sur ce quartier du Tonkin".

"Sur les 8 voire 9 points de deal d’il y a 2 ans, on en a plus actuellement même s’il y a, et c’est normal des tentatives. On le savait, ce n’est pas une surprise, mais on agit”, assure-t-elle.

Les autorités veulent désormais insister, aussi, sur la répression des consommateurs. Notamment à travers les amendes forfaitaires délictuelles dressées directement sur le terrain par les forces de l’ordre.

Vincent Chevalier avec Guillaume Descours