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Faits divers

Attaque près de la tour Eiffel: ce que l'on sait des victimes et de l'assaillant

Des fleurs ont été déposées là où un touriste allemand a été tué lors d'une attaque au couteau, près de la tour Eiffel à Paris

Des fleurs ont été déposées là où un touriste allemand a été tué lors d'une attaque au couteau, près de la tour Eiffel à Paris - Dimitar DILKOFF / AFP

Voici ce que l’on sait de l’attaque d'Armand Rajabpour-Miyandoab qui a fait un mort et deux blessés, samedi 2 décembre au soir, autour du quai de Grenelle dans le 16e arrondissement de Paris.

Un jeune touriste germano-philippin est décédé samedi soir près de la tour Eiffel sous les coups d'un assaillant armé d'un couteau et d'un marteau, connu des autorités françaises comme un islamiste radical à l'état psychique "instable" et qui a déjà fait de la prison après un projet d'action violente en 2016.

Voici ce que l'on sait de cette attaque, dans laquelle deux personnes ont également été blessées.

Le déroulé de la soirée

L'attaque s'est passée en bord de Seine vers 21h30 entre le quai de Grenelle et Bir Hakeim, dans les cossus 15e et 16e arrondissements. À quelques encablures à peine de la tour Eiffel et autres lieux prisés des touristes, particulièrement animés le week-end.

L'assaillant, Armand Rajabpour-Miyandoab, s'en est d'abord pris à un groupe de trois personnes d'origine philippine quai de Grenelle, selon les faits rapportés par le procureur antiterroriste Jean-François Ricard lors d'une conférence de presse dimanche soir.

L'attaquant a porté deux coups de marteau et quatre coups de couteau à l'une des trois personnes, un homme à la double nationalité philippine et allemande, qui est décédé.

Les deux autres personnes n'ont pas été blessées physiquement, a souligné le procureur.

Un chauffeur de taxi, voyant la scène, a crié sur l'agresseur qui a alors pris la fuite, passant de l'autre côté du pont après avoir lancé "Allah Akbar", a souligné Jean-François Ricard.

Des policiers rapidement dépêchés sur place l'ont poursuivi. Face à eux, Armand Rajabpour-Miyandoab a de nouveau crié "Allah akbar", faisant croire qu'il portait une ceinture d'explosifs.

Il a alors frappé de nouveau deux passants au niveau de la tête avec un marteau. Il s'agit d'un Français de 60 ans et d'un Britannique de 66 ans, blessé à l'oeil, selon le parquet national antiterroriste (Pnat).

L'assaillant a été ensuite interpellé près d'un square après avoir reçu deux coups de pistolet à impulsion électrique.

Il se trouve depuis en garde à vue à la section antiterroriste (SAT) de la brigade criminelle de la police judiciaire parisienne.

Trois membres de sa famille ou de son entourage ont également été placées en garde à vue, selon le procureur antiterroriste.

Les victimes

Il y a d'abord un groupe de trois personnes d'origine philippine: un homme de 23 ans, qui a aussi la nationalité allemande, est décédé après avoir reçu des coups de couteau et de marteau. Sa compagne n'a pas été attaquée "physiquement" mais est "extrêmement choquée", selon Gérald Darmanin.

Le médecin urgentiste qui a pris les victimes en charge a précisé à l'AFP que l'homme décédé était infirmier, tout comme sa compagne.

Selon Jean-François Ricard, les deux personnes qui accompagnaient la victime décédée "restent particulièrement choquées".

"Elles sont encore sous surveillance médicale et n'ont pu être entendues pour le moment", a dit le procureur.

De leur côté, les deux hommes attaqués au marteau "sont aujourd'hui en bonne santé" physique, a précisé dimanche le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau. Ils ont eu des "traumatismes superficiels", mais leurs "traumatismes psychologiques vont être immenses". Ils sont rentrés chez eux, a indiqué Jean-François Ricard.

Le profil de l’assaillant

Armand Rajabpour-Miyandoab est un Franco-iranien de 26 ans, né à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) de parents réfugiés iraniens.

Dans un décret de naturalisation publié au Journal officiel en 2002, il est présenté avec le prénom "Iman", mais dans la sphère jihadiste, il se faisait appeler "Amine" et demandait à ses parents de faire de même.

Cet homme au "profil très instable, très influençable", selon une source sécuritaire à l'AFP, avait déjà été interpellé en 2016 par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) pour un projet d'action violente à La Défense, un quartier d'affaires à l'ouest de Paris.

À l'époque étudiant en biologie, il avait été condamné à cinq ans de prison pour association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un acte de terrorisme, dont un an avec sursis et mise à l'épreuve pendant trois ans.

Sorti de prison en 2020, il était suivi pour des troubles psychiatriques importants et était inscrit au fichier judiciaire automatisé des auteurs d'infraction terroriste (Fijait).

Allégeance au groupe État islamique

Compte tenu de certains incidents, en particulier d'une prise de contact via les réseaux sociaux avec (...) le futur auteur de l'assassinat de Samuel Paty, le Pnat avait obtenu un renforcement des obligations auxquelles l'individu était soumis", a rapporté le procureur.

Après une nouvelle expertise psychiatrique, il était soumis à une injonction de soins impliquant un suivi psychiatrique resserré et contrôlé par un médecin coordinateur, jusqu'à fin avril 2023.

Fin octobre, sa mère avait signalé aux services de police son inquiétude quant au comportement de son fils, qui "se renfermait sur lui-même", a relaté le procureur antiterroriste.

Armand Rajabpour-Miyandoab est issu d'une famille sans aucun engagement religieux. Il s'était converti à l'islam à l'âge de 18 ans en 2015 et a très rapidement versé dans l'idéologie islamiste, selon le récit de Jean-François Ricard.

Il avait noué des liens avec des individus ancrés dans l'idéologie jihadiste dont certains déjà actifs en zone irakienne.

L'assaillant, fiché pour radicalisation islamiste (FSPRT), a publié une vidéo de revendication en arabe sur les réseaux dans laquelle il fait allégeance au groupe État islamique.

Cette vidéo était mise en ligne sur son compte X (ex-Twitter), qui comportait "de nombreuses publications sur le Hamas, Gaza et plus généralement la Palestine", selon le procureur antiterroriste.

CA avec AFP