"C'est au trafic de bouger, pas nous": une école proche d'un point de deal pourrait déménager

Les parents d'élèves d'une école maternelle de Saint-Ouen-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) votent jeudi pour savoir s'ils souhaitent ou non le déménagement, dès la fin du mois, de l'établissement situé au coeur d'un des principaux points de deal de cette commune limitrophe de Paris.
"Il y avait sept point de deal" à Saint-Ouen, "il y en a quatre maintenant, 24h sur 24", a par ailleurs affirmé ce jeudi au micro d'Apolline Matin Grégory Joron, secrétaire général du syndicat de police Un1té. "On n'a quasiment plus de marge de manœuvre, même la Bac (Brigade anticriminalité, NDRL) en Seine-Saint-Denis, est limitée dans [ses] actions", a-t-il appuyé.
"L'école ne reculera jamais", dit Élisabeth Borne
"C’est une action à court terme que je peux prendre pour assurer la sécurité des enfants et apporter de la sérénité aux parents" a justifié mardi le maire PS de Saint-Ouen, Karim Bouamrane, dans les colonnes du Parisien.
"L'école ne reculera jamais face à la violence. Notre objectif est que l'école puisse se réinstaller avec un travail pour rétablir un environnement sûr", a déclaré ce jeudi sur France 2 la ministre de l'Education nationale Élisabeth Borne.
Bombone de protoxyde d'azote jetée dans l'école
Organisée par la municipalité, la votation citoyenne intervient après le jet en décembre d'une bonbonne de protoxyde d'azote dans une fenêtre de l'école alors que des sachets de stupéfiants avaient déjà été retrouvés dans la cour de récréation.
Enclavées au coeur d'une cité, les quatre classes de la maternelle Émile-Zola pourraient être transférées à quelques centaines de mètres, dans les locaux du relais petite enfance et au sein d'un groupe scolaire.
Des bureaux de vote sont donc installés dans le batiment principal et dans l'annexe depuis ce matin et sont ouverts jusqu'à 18h. Maryse lit son bulletin, accompagné d'une feuille d'explication. Deux cases pour cocher, deux longues questions et beaucoup de flou pour cette mère de famile.
"Ça fait plus de 20 ans qu'ils sont là"
"La question c'est de savoir si on déplace les enfants dès la rentrée de printemps ou est-ce qu'on attend en septembre? Apparement, il n'y a pas l'option de pouvoir y revenir", regrette Maryse auprès de RMC. "C'est au trafic de bouger, pas nous. S'il y avait d'autres locaux, je ne dirais pas non, mais les solutions proposées..."
Car les solutions, justement, consisteraient, pour la fin de cette année, à déplacer deux classes dans une ancienne crèche tandis que de la place serait faite aux deux autres dans le batiment principal de l'école. Face aux critiques, le maire de Saint-Ouen assure qu'en cas de déménagement de l'école, "une association culturelle d'adultes qui s'installera (dans ces locaux) donc il n'y aura pas de recul du service public."
Maria regrette de son côté un vote qui arrive trop tôt ou trop tard. "Ça fait plus de 20 ans qu'ils sont là, les dealers et ce n'est que maintenant qu'ils veulent changer quelque chose", pointe-t-elle.
29 personnes interpellées dans la zone depuis janvier
La mairie, qui rappelle avoir été sollicitée par des parents inquiets, affirme que la lutte contre le trafic de drogue "a donné des fruits" tout en soulignant que "c'est un travail de longue haleine". Depuis le 1er janvier, 29 personnes ont été interpellées dans cette zone pour trafic de stupéfiants et 2 kg de produits stupéfiants ont été saisis, selon la préfecture.