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"C’est dangereux pour les élèves": une professeure du conservatoire de Marseille visée par des plaintes pour viol et agressions sexuelles

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Une professeure de chant du conservatoire Pierre-Barbizet de Marseille est visée par deux plaintes pour agressions sexuelles et une autre pour un viol, commis en 2020. Si l’enseignante est toujours en poste, une enquête interne est en cours. Une des victimes témoigne au micro de RMC.

Une professeure de chant du conservatoire Pierre-Barbizet de Marseille dans la tourmente. Deux élèves ont déposé plainte pour agressions sexuelles contre cette cantatrice française, déjà visée par une plainte pour viol. Une enquête préliminaire a été ouverte.

A l'intérieur du conservatoire, une enquête administrative est également en cours, mais l'enseignante est toujours en poste. Des faits contestés par la professeure qui décrit des "affabulations".

Pourtant, les plaignants décrivent tous des gestes déplacés, sexuels, dans le cadre pédagogique. Une des victimes a accepté de témoigner au micro de RMC.

Une étudiante raconte son traumatisme

Quand Lydia entre au conservatoire, elle arrive de Tunisie et ne connaît personne, à part cette professeure de chant, célèbre cantatrice, qui la prend sous son aile.

“Elle était vraiment comme une deuxième maman. Après, elle a vite commencé à être tactile pour expliquer comment chanter, etc. Elle mettait sa main très proche des seins, et l’autre main au niveau du pubis. Puis c’est allé beaucoup plus loin”.

Car l’enseignante ne s’arrête pas là: elle insiste pour donner un cours particulier à domicile. Lydia est alors violée par cette professeur en 2020.

Ce traumatisme va suivre la jeune femme. “Après ça, dès qu’un professeur m’approchait, je reculais, j’étais paniquée. J’ai développé une arythmie cardiaque, je fais des cauchemars, je prends des médicaments”, raconte-t-elle.

Avec l’aide d’une psychologue, elle a pu remonter la pente, puis comprendre ce qu’étaient l’emprise et le déni. Il faudra deux ans à l’étudiante pour trouver le courage de dénoncer cette professeure, face à sa notoriété.

“D’abord, qui écoute une petite étudiante étrangère? Ensuite, qui m’aurait crue face à une cantatrice très renommée, très célèbre?”, questionne Lydia.

"Il n’y a aucun lien entre le chant et les seins. Il n’y a aucun lien entre le chant et le sexe, ou le chant et les fesses", dénonce-t-elle.

"Un sentiment d’impunité chez une agresseuse”

Depuis, deux autres élèves ont porté plainte contre elle pour agressions sexuelles. En septembre, une jeune femme ukrainienne de 23 ans dénonce des attouchements non consentis. Puis, en décembre, c’est un jeune homme d’une trentaine d’années qui évoque une agression et une fessée.

La professeure nie les faits. Suspendue, après une enquête interne, elle a été réintégrée et exerce toujours.

“J’aimerais qu’elle ne puisse plus exercer. C’est dangereux pour les élèves. Je suis offusquée qu’elle pense avoir le droit de continuer d’agresser des élèves, mais je suis fière que la parole commence à se libérer”, conclut Lydia.

Une réintégration également inexplicable pour Maître Feste-Guidon, avocat des trois plaignants.

“Dans l’administration, ils ne prennent visiblement pas la mesure du problème. Qui, par ailleurs, entretient un sentiment d’impunité chez une agresseuse”.

"Elle a été suspendue, puis réintégrée, poursuit l'avocat. Et un mois plus tard, elle agresse une nouvelle élève. Il y a un fort risque de réitération des faits. Mes clients ont l’impression que leur parole n’est pas prise en compte."

De son côté, le conservatoire de Marseille souligne que de nouvelles investigations sont en cours en interne, et que l'enseignante a été éloignée de la première plaignante le temps de l'enquête judiciaire.

Lucile Pascanet avec Charline Andrieux