“C’est le premier pas vers une longue marche”: une des plaignantes réagit à la garde à vue de Gérard Miller

Charlotte avait 15 ans lorsqu’elle affirme avoir été agressée sexuellement par le psychanalyste Gérard Miller, en 2001. - Pierre Bazin
Le psychanalyste médiatique Gérard Miller a été placé en garde à vue ce mardi 30 septembre dans le cadre d'une enquête ouverte en février 2024 à Paris, après des plaintes de plusieurs femmes l'accusant de viols et d'agressions sexuelles.
Les accusations portent notamment sur des faits survenus lors de séances d’hypnose, au cabinet ou au domicile de Gérard Miller. Certaines plaignantes sont des mineures au moment des faits, ce qui explique pourquoi la garde à vue est menée par la Brigade de protection des mineurs.
Soulagement et appréhension
Les premières accusations avaient été révélées en janvier 2024 par le magazine Elle, concernant une femme affirmant avoir été violée lors d’une séance d’hypnose en 2004 alors qu’elle était majeure. Dans les semaines suivantes, plus d’une cinquantaine de femmes avaient mis en cause le psychanalyste, allant de comportements déplacés à des violences sexuelles.
Charlotte, elle, avait 15 ans lorsqu’elle affirme avoir été agressée sexuellement par le psychanalyste Gérard Miller, en 2001. Plus de vingt ans après les faits présumés, elle a déposé plainte il y a un an et demi. Alors que l’accusé de 77 ans a été placé en garde à vue mardi dans le cadre de l’enquête ouverte pour viols et agressions sexuelles, Charlotte accueille cette étape judiciaire avec un mélange de soulagement et d’appréhension. Pour la première fois depuis l'annonce de la garde à vue de Gérard Miller, Charlotte a accepté de témoigner à visage découvert auprès de RMC.
“Un choc” à l’annonce de la garde à vue
C’est par la presse que la plaignante apprend la mise en garde à vue. “Ce n’est pas évident d’apprendre cela par les médias, c’est un sacré choc. Je ne m’attendais pas tellement à ce que ça se passe un an et demi après ma plainte”, raconte-t-elle à RMC. Malgré la surprise, Charlotte se dit “impatiente de savoir l’issue de la garde à vue”. Pour elle, ce tournant marque un signe encourageant: “Les choses bougent, on sent que la justice travaille sur le dossier et on espère des choses positives pour les victimes.”
Le récit d’une agression en 2001
Les faits qu’elle dénonce remontent donc à 2001. Alors lycéenne, Charlotte assiste à une émission de Laurent Ruquier, accompagnée d’une amie. À la fin du tournage, Gérard Miller l’aurai abordé. “Je me suis rendu compte qu’il connaissait mon oncle, donc j’étais en confiance”, se souvient-elle. Quelques échanges plus tard, le psychanalyste l’aurait invité dans ce qu’il présente comme son bureau. Mais qui serait en réalité de son domicile.
“Il m’a servi à boire et rapidement, je ne me suis pas sentie bien. Ensuite, je me suis retrouvée déshabillée sur un lit, dans une chambre avec un éclairage rouge.”
Elle affirme avoir été touchée par Gérard Miller avant qu’un coup de sonnette inattendu mette fin à la scène: “Ça m’a sauvé, sinon j’aurais été violée.” Cette interruption lui aurait alors permis de s’enfuir.
Des années de silence avant la plainte
Pendant longtemps, Charlotte garde le silence. À 17 ans, elle confie pour la première fois son histoire à une amie, avant d’en parler plus tard à ses parents. “Plus d’une vingtaine d’années après, j’écoute la télévision et j’entends mon histoire alors que je ne l’avais pas racontée. Là, je découvre le témoignage d’une autre victime et je comprends que je ne suis pas seule.” C’est ce qui la décide à saisir la justice. “J’aurais aimé porter plainte avant, mais j’avais peur d’être seule contre tous, seule face à une figure médiatique”, dit-elle au micro de RMC.
L’appréhension de la confrontation
Aujourd’hui, Charlotte se prépare à la suite judiciaire, avec une crainte: revoir Gérard Miller. “Je ne l’ai pas revu depuis l’agression. Je redoute de le voir. Ça va faire remonter de mauvais souvenirs”, reconnaît-elle. Pourtant, elle souhaite ce face-à-face: “J’aimerais lui parler les yeux dans les yeux. Lui raconter les faits et comment moi, je les ai vécus. Qu’il reconnaisse ou pas, je m’en fiche.”
Elle conclut sur la nécessité de tenir ce cap: “Porter plainte ça a été très dur, mais je ne regrette pas. J’ai fini par le faire, car il fallait que ça cesse, je ne voulais pas que ça se reproduise. La garde à vue de Miller, c'est le premier pas vers une longue marche.”
Le psychanalyste conteste les accusations
Gérard Miller, lui, conteste les accusations. Lors de l’ouverture de l’enquête préliminaire, le septuagénaire avait déclaré: “Certain de n'avoir commis aucune infraction et prêt à répondre sur chacun des faits reprochés, je souhaite désormais réserver ma parole à l'institution judiciaire.”
Il assurait d’ailleurs dans un courrier que toutes les personnes qui se sont livrées avec lui à une séance d’hypnose restaient parfaitement conscientes et en totale possession de leurs moyens. Par ailleurs, la période examinée par l’enquête couvre les années 1995 à 2005.