Ce que l'on sait de la mort de Fayed, un enfant de 10 ans tué dans une fusillade à Nîmes

Un policier monte la garde dans le quartier de Pissevin à Nîmes (Gard), le 22 août 2023 - NICOLAS TUCAT © 2019 AFP
Fayed, un enfant de 10 ans est décédé lundi soir, victime d'une fusillade à Nîmes (Gard), à Pissevin, un quartier populaire en proie au trafic de drogue. Le petit garçon se trouvait à l'arrière d'une voiture conduite par son oncle de 28 ans, lorsque le véhicule a été la cible de tirs d'armes à feu vers 23h30. Le conducteur a aussitôt démarré et s'est rendu immédiatement à l'hôpital où l'enfant est mort.
"C'est un immense drame qui ne restera pas impuni", a réagi mardi matin le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin sur Twitter, avant d'appeler la famille de l'enfant décédé.
Un quartier populaire en proie au trafic de drogue
Comme le ministre l'avait annoncé, une vingtaine de fonctionnaires de police de la CRS 8, unité spécialisée dans le maintien de l'ordre en zones urbaines, s'est déployée peu après 15h00 dans le quartier sensible de Pissevin, situé au sud-ouest de Nîmes, où le taux de pauvreté dépasse les 70% et le taux de chômage atteint 46%.
Un renfort policier destiné à "sécuriser" et "pacifier le quartier au maximum" afin que "les habitants retrouvent un tout petit peu de sérénité", a expliqué sur place Anne Valla, directrice départementale adjointe de la sécurité publique du Gard.
"Le but, c'est vraiment de reprendre possession du quartier, de montrer aux habitants qu'on est là et qu'on ne laissera pas faire ce qui s'est passé la nuit dernière".
Selon les premiers éléments de l'enquête ouverte pour "assassinat en bande organisée", le garçon se trouvait à l'arrière d'un véhicule pris pour cible aux alentours de 23h30. La magistrate a précisé qu'il était "établi" que l'enfant avait "reçu un projectile, une balle probablement, dans une zone visiblement létale".
Le conducteur, son oncle, âgé de 28 ans, a lui aussi été blessé par balles mais n'est "plus en danger" de mort. Un autre de ses neveux, âgé de sept ans qui se trouvait à l'arrière, est sain et sauf.
"La mère, elle est effondrée. Elle pleure, elle ne sait plus quoi faire"
Ce mardi 22 août, la cousine de la maman qui a perdu son fils Fayed, a livré un témoignage bouleversant à RMC. "C'est terrible (...) C’est choquant, ça fait très mal. C’est injuste, ils ont tué des gens innocents", soupire-t-elle.
"La mère, elle est effondrée. Elle pleure, elle ne sait plus quoi faire. Son frère a été touché, son fils a été tué. Elle est vraiment effondrée", raconte celle qui souhaite rester anonyme. Désormais, elle demande justice pour cette "famille sans histoire".
"Il y a de la colère, il y a de la rage, mais on ne va pas se venger. Dieu jugera aussi", conclut cette cousine, déboussolée.
Des victimes collatérales
L'enfant tué et son oncle sont "indéniablement" des victimes collatérales, selon la procureure, qui a dénoncé "une tragédie des plus absolues". "La famille de la victime n'est absolument associée d'aucune façon, ni avant ni actuellement, dans des faits de nature pénale", elle "a eu pour seul malheur de passer au mauvais endroit au mauvais moment", a-t-elle ajouté.
Le préfet du Gard, Jérôme Bonet, a lui dénoncé un "crime intolérable". De source policière, les tireurs seraient au nombre de quatre. Ils étaient toujours en fuite et recherchés mardi. La procureure de Nîmes a seulement parlé de "plusieurs auteurs".
Sur place, les habitants décrivent un climat de guerre et déplorent l'absence des forces de l'ordre. Selon des chiffres de l'ex-procureur de Nîmes, Eric Maurel, une quinzaine de règlements de compte avaient fait huit morts à Nîmes en 2020 et trois en 2021, dont un adolescent de 17 ans. La plupart de ces homicides avaient eu lieu à Pissevin, au Chemin Bas et au Mas de Mingue, trois secteurs périphériques de Nîmes constitués de barres d'immeubles et de tours.
Ces trois quartiers, qui partagent des indicateurs socio-économiques alarmants, avaient été créés dans les années 1960 pour loger des populations issues de l'exode rural, des rapatriés d'Afrique du Nord puis des travailleurs immigrés.