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"Il nous est revenu": le témoignage de la mère d'un manifestant tombé dans le coma à Sainte-Soline

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EXCLU RMC. La mère de Mickaël, un manifestant gravement blessé lors de la manifestation de Sainte-Soline, fin mars, remercie les soignants et ceux qui l’ont accueillie à Poitiers alors qu’elle veillait son fils à l’hôpital. Il est rentré chez lui, dans le Loir-et-Cher, en fin de semaine.

Entre soulagement et incertitude. "Heureusement, mon fils est revenu parmi nous, mais est-ce qu’il sera toujours pareil, aussi joyeux, aussi taquin? Il est là mais…" La mère de Mickaël s’arrête. Son fils a été touché au niveau de la trachée, en marge de la manifestation anti-bassine de Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, fin mars, puis pris en charge à l’hôpital de Poitiers. Il y a eu l’opération, le coma, le pronostic vital engagé.

Nathalie Duval dit quitter l’enfer: "On m’a pris ma joie de vivre. J’ai failli perdre mon fils, et mon petit-fils aurait perdu son papa !".

Désormais, c’est une longue rééducation qui commence. "Il marche, mais pas comme d’habitude, la mobilité des doigts c’est très dur, quant à la mémoire… Aujourd’hui, ça va !" souffle-t-elle. De Sainte-Soline, le trentenaire ne se souvient de rien : "Il a un trou noir, explique sa mère. Quand il s’est réveillé, il ne comprenait pas pourquoi il était à l’hôpital, il ne se rappelait plus quel âge il avait." Nathalie Duval décrit des améliorations mais "de petites absences" qui persistent: "Il me dit 'c’est vrai, ça je l’ai fait tout à l’heure'." 

Un scanner sera effectué dans les prochaines semaines pour évaluer les séquelles. "Il a été opéré du cerveau, reprend-t-elle. Il a fait quand même une hémorragie interne, il faut du temps." Mickaël est rentré chez lui jeudi 13 avril. "Il se repose", s’occupe de son fils de 11 ans, "traumatisé". Nathalie appelle souvent pour "vérifier qu’ils n’ont besoin de rien."

"Pas du tout un black bloc"

Elle décrit avec tendresse son "ambianceur", gilet jaune depuis cinq ans, "pas du tout un black bloc" rit-elle. En manifestation, "il y va pacifiquement pour chanter, agiter son drapeau." De quoi raviver la colère de cette mère éprouvée, qui dénonce la "répression des manifestants" et un usage "disproportionné" de la force. Nathalie Duval a déposé plainte le 29 mars pour tentative de meurtre et entrave aux secours, violation du secret dans le cadre d’une enquête et détournement de la consultation d’un fichier.

"J’irai jusqu’au bout, martèle-t-elle. Je veux que l’Etat paye la souffrance qu’il a faite à mon fils et mon petit-fils. Je veux la vérité, je veux savoir ce qui s’est réellement passé."

Et d’enchaîner: "Un LBD, ça ne part pas comme ça, et généralement c’est tiré dans les jambes, pas dans la tête. C’est incompréhensible". Au total, quatre enquêtes sont en cours pour déterminer les circonstances précises dans lesquelles Mickaël et trois autres manifestants ont été blessés gravement à Sainte-Soline, et pour déterminer les circonstances d’intervention des secours.

"Pourquoi mettre autant de policiers pour un trou?"

Rien n’indique encore avec certitude que le lanceur de balle de défense ait touché Mickaël. Sa mère s’interroge: "Pourquoi mettre autant de policiers pour un trou (ndlr : la bassine de Sainte-Soline)? Normalement, ils devraient être là pour protéger les gens, pas l’inverse. La rancœur elle est là, contre le gouvernement, et elle restera", conclut-elle.

L’autre manifestant gravement blessé fin mars dans les Deux-Sèvres est toujours entre la vie est la mort. Cet homme de 32 ans prénommé Serge souffre d'un important traumatisme crânien. Son état de santé reste "malheureusement inchangé", a précisé l'avocate de sa famille, Me Chalot, en fin de semaine.

Marion Gauthier (édité par LK)