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"Il traînait dans la ville, tout seul": des habitants d'Annecy avaient croisé l'assaillant

L'auteur de l'attaque au couteau à Annecy est un réfugié syrien qui n'avait pas obtenu sa demande d'asile en France, mais en Suède. Dans la ville de Haute-Savoie, il est décrit comme un marginal et un homme solitaire.

Un marginal, un SDF... Depuis qu’il avait quitté la Suède, l'auteur de l'attaque au couteau à Annecy vivait dans la ville de Haute-Savoie dans des conditions précaires depuis plusieurs mois. De nombreux habitants l’avaient croisé avant qu’il ne passe à l’acte jeudi matin. La plupart ne comprennent pas et sont sous le choc.

Abdelmasih, 31 ans, est né en Syrie. Il est ensuite passé par la Turquie, où il a rencontré celle qui deviendra sa femme en 2013. Il obtient le statut de réfugié en Suède, il s'y installe et fonde une famille. Et puis, en novembre dernier, il décide de tout quitter, sa fille de 3 ans et sa femme. Il s'installe à Annecy sans logement, il passe ses nuits sur le seuil d'un centre culturel et fréquente une église le jour.

Sans-domicile fixe, l’homme dormait depuis plusieurs mois sur un carton devant un immeuble entre deux magasins. Lucas, une jeune artiste de rue, décrit une personne isolée.

“Tous les jours, il traînait dans la ville, il était tout le temps tout seul dans son monde, avec sa petite bouteille d’eau avec des morceaux de citron dedans. Il ne parlait à personne, il marchait tout le temps. Quand il me voyait, il me faisait un signe de la main en mode ‘salut’”, indique Lucas.

Une demande d'asile accordée en Suède et refusée en France

Cette commerçante le croisait souvent le soir au moment de fermer sa boutique. “Il allait souvent se coucher à la fermeture des magasins, donc vers 19h, grand maximum 19h30. Il ne m’a jamais paru méchant. Il était juste dans son coin, couché sur des cartons”, décrit-elle.

Des habitants racontent aussi l’avoir souvent vu assis sur un banc en bordure du lac d’Annecy. Cette riveraine l’avait déjà repéré ces dernières semaines.

“Il avait un comportement déséquilibré, on va dire. On se demandait s’il ne prenait pas des médicaments parce qu’il parlait tout seul et il était assez agité”, assure cette résidente de la ville.

Le vigile d’un centre culturel du quartier affirme à RMC l’avoir signalé plusieurs fois, car il trouvait son comportement bizarre. Aujourd’hui, il s’en veut que rien n’ait été fait avant son passage à l’acte.

En novembre dernier, l’assaillant avait déposé une demande d'asile en France en tant que "chrétien de Syrie". Une demande qui lui a été refusée il y a cinq jours tout juste, car la Suède lui avait déjà accordé ce statut.

Jeudi matin, il a poignardé quatre enfants et deux hommes. Pour l'instant, rien n'explique son geste. En garde à vue, il se serait roulé par terre en hurlant "tuez moi". Une expertise psychologique est en cours.

Romain Poisot et Nicolas Ropert avec Guillaume Descours