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La santé mentale, grande oubliée de l'éducation? "Une question pas traitée à la hauteur des besoins"

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Alors que la réponse politique à l'attaque survenue dans un lycée de Nantes a quasi-immédiatement porté sur le volet sécuritaire, les professeurs ne sont pas du même avis. D'après eux, l'affaire met en lumière un manque d'accompagnement des jeunes en matière de santé mentale.

Dans les heures suivant l'attaque au couteau perpétrée dans un lycée de Nantes ce jeudi par un élève, la classe politique s'est emparé de l'affaire pour en utilisant le volet sécuritaire des établissements scolaires.

Interrogé par un journaliste, le Premier ministre François Bayrou a estimé que l'installation de portiques aux entrées était "une piste" qui pourrait éviter de nouvelles attaques. Le locataire de Matignon a missionné une élue pour que "des propositions concrètes" lui soient soumises ces prochaines semaines. Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau décrit quant à lui un "ensauvagement".

La santé mentale plus que la sécurité

Bien que le port du couteau chez les jeunes soit un sujet plus que jamais d'actualité, le syndicat des enseignants estime que les ministres ne prennent pas le problème dans le bon sens pour cette affaire.

Cette surenchère ne plaît pas à Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du SNPDEN (Syndicat National des Personnels de Direction de l'Éducation Nationale). S'il conçoit qu'intensifier les contrôles aux abords des établissements scolaires est une solution envisageable, la démarche ne doit pas être automatique.

"Est-ce que, pour autant, cet incident doit entraîner la vérification systématique de tous les élèves ? Ça veut dire que, demain, on considérera que chaque élève qui entre dans un établissement est un terroriste en puissance. Or, la quasi-totalité d'entre eux ne pose aucun problème de cette nature", avance Bruno Bobkiewicz à RMC.

Le représentant estime qu'il s'agit plutôt d'une question en lien avec la psychologie des adolescents.

Le journal de 7h30 - 25/04
Le journal de 7h30 - 25/04
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Un accompagnement insuffisant pour les jeunes

L'attaque survenue au sein du lycée nantais, qui a fait un mort et plusieurs blessés, se présente plutôt comme une affaire témoignant des difficultés des jeunes en matière de santé mentale. Un rapport publié en 2024 faisait état d'une situation en berne pour la jeune génération.

Bien que toutes les détresses psychologiques ne mènent pas à de tels actes, l'assaillant suspecté disposait d'un profil psychologique délicat. Plusieurs de ses amis avaient été témoins de certains propos alarmants.

"La question, c'est vraiment quand on sent qu'un jeune décroche, qu'il y a des camarades qui parlent d'un état dépressif, etc., qu'est-ce qu'on fait ? Ces questions ne sont pas traités à la hauteur des besoins", estime Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale de la CFDT Education.

Dans le cas de Julien P., qui présentait un état dépressif, Bruno Bobkiewicz estime que "la question est de savoir si les adultes étaient également détenteurs de ce type d'information". Sur le plateau d'Apolline Matin, il pointe également la question de l'accompagnement en matière de santé mentale.

Sauf que les moyens manquent pour accueillir ces jeunes. Le représentant fait état d'un nombre insuffisant de médecins et d'infirmières scolaires au sein des établissements. Une certaine part des postes sont "vacants, faute de candidats".

Nicolas Traino avec Mélanie Hennebique