Agressions au couteau: "Tous les jours, des jeunes m'achètent des lames en libre-service"

La France est-elle touchée par un fléau d'agressions au couteau? Vendredi, un adolescent de 14 ans est mort à Paris tué d'un coup de couteau après avoir été agressé par deux jeunes de 16 et 17 ans, connus des services de police pour des vols avec violence. Début janvier, c'est un autre adolescent de 14 ans qui avait été tué d'un coup de couteau à Evreux, poignardé par un jeune de 16 ans. En en décembre, un autre jeune de 16 ans avait été tué d'un coup de couteau encore, devant un lycée de Paris.
Mercredi à l'Assemblée nationale, le Premier ministre François Bayrou a estimé qu'il fallait "se saisir de la question des armes blanches".
"L'idée que des couteaux portés par des jeunes ne fassent l'objet d'aucune sanction, cela nourrit le sentiment d'impunité, c'est notre responsabilité collective".
"Libre-service"
Car aujourd'hui, l'achat d'un couteau n'est soumis à aucune règle. Directeur d'un magasin d'arts de la table qui vend de nombreux couteaux de cuisine dont de boucherie, Jean-Marc assure en vendre à tous types de personnes: "Il y a des familles et beaucoup de jeunes gens qui en achètent tous les jours. Et je ne pense pas qu'il y ait une recrudescence de bouchers. Et ils achètent des couteaux avec des lames qu'on n'aimerait pas avoir dans l'omoplate".
"C'est du libre-service. On peut en acheter en supermarché. Et je ne sais pas ce qu'ils font de leur couteau, je n'ai pas de suivi à faire derrière. Il n'y a pas forcément une augmentation mais les gros couteaux trouvent leur public. Il y a un problème sur le libre-accès des lames qui sont dans toutes les cuisines", ajoute Jean-Marc.
Une banalisation du couteau?
"Il y a une banalisation du couteau", note de son côté Nora, mère au foyer. "Quand on était au collège, on avait des différends, on se la donnait avec les mains. Aujourd'hui les jeunes ont banalisé les armes blanches, pour un oui ou un non, on sort une lame. Mon fils s'est fait menacé dans l'enceinte du collège".
"Les moyens de l'éducation nationale sont en baisse également pour les surveillants. Il y a 7 surveillants pour 600 élèves dans son collège", déplore Nora.