Morgane: "aucune lésion et blessure" sur la collégienne retrouvée… les précisions du procureur

Au lendemain de la découverte saine et sauve à Coutances (Manche) de Morgane, 13 ans, le procureur de la République de Saint-Brieuc Nicolas Heitz a tenu une conférence de presse. Si des questions demeurent, certains points ont été éclaircis.

Morgane, 13 ans, retrouvée mardi 10 décembre 2024 dans la Manche deux semaines après sa disparition, ne présentait "aucune lésion" et l'homme de 21 ans qui l'hébergeait était poursuivi par ailleurs pour "soustraction" d'une mineure de 14 ans dans l'Oise, selon le procureur.

Des précisions sur le suspect

Le suspect, toujours en garde à vue mercredi, va vraisemblablement être présenté jeudi 12 décembre devant le juge d'instruction et le procureur de la République de Saint-Brieuc Nicolas Heitz a annoncé en conférence de presse qu'il demandera son placement en détention provisoire pour éviter tout "risque de réitération".

Cet employé de bijouterie "devait comparaître ce (mercredi) matin devant le tribunal correctionnel de Beauvais" pour "soustraction de mineure" sur une adolescente de 14 ans en avril 2024, a précisé Nicolas Heitz, en ajoutant que le gardé à vue et Morgane ont tous deux nié avoir eu une relation sexuelle.

“Aucune lésion”

"Un examen cutané ne laissait apparaître aucune lésion, tout comme l'examen gynécologique. Aucune blessure n'était donc matérialisée sur elle", a souligné le procureur.

Selon les déclarations du jeune homme rapportées par le magistrat, Morgane, rencontrée sur le réseau social Snapchat trois mois auparavant, l'avait contacté le dimanche 24 novembre lui faisant part "d'intentions suicidaires". Tôt le lendemain, il prenait la route vers Pabu, dans les Côtes-d'Armor, pour se rendre à l'adresse indiquée par l'adoscente, qui montait dans sa voiture en lui demandant de partir.

La disparition de Morgane avait suscité une "vraie angoisse" au sein de Pabu et un important déploiement de moyens. Le weekend précédent sa disparition, la jeune élève de 4e s'était disputée avec ses parents au sujet de son usage des réseaux sociaux. Son père avait cassé son téléphone et confisqué sa carte SIM.

Témoin clé en Gironde

C'est le témoignage lundi d'une femme résidant en Gironde, chez qui le jeune homme s'était présenté dans la nuit du 7 au 8 décembre comme un ami de son fils et qui "semblait souhaiter laisser la jeune fille et repartir seul", qui a permis de retrouver la trace de Morgane.

L'adolescente a été découverte mardi matin dans un foyer de jeunes travailleurs (FJT), en périphérie de Coutances, ville de la Manche située à quelque 200 km de sa commune d'origine.

Les parents de Morgane, qui avaient multiplié sur Facebook les messages à l'adolescente et à d'éventuels témoins durant les recherches, ont publié mercredi un mot de remerciement à toutes les personnes qui les ont soutenus "dans ces moments très difficiles".

"Les habitants se réjouissent: Morgane a été retrouvée, elle est en vie, c'est tout ce qui compte", déclare le maire de Pabu, Pierre Salliou. Mais "il y a beaucoup de choses qu'on ne sait pas encore."

Soulagement

La présence de la collégienne dans ce FJT semble avoir échappé au personnel comme aux résidents. Le bâtiment, dont une façade est en travaux, "accueille des jeunes majeurs de 18 à 30 ans et quelques mineurs", explique Emmanuelle Leprovost, de la mairie de Coutances. "Il y a une présence 24h/24, ils ne sont jamais seuls."

Résidente depuis quatre ans au FJT, Sophie Mercereau, 23 ans, confirme qu'il faut habituellement montrer patte blanche pour pénétrer et séjourner dans ce foyer. Mais "certains résidents savent que certaines portes ne sont pas sécurisées, font rentrer des personnes extérieures malgré l'heure et en jouent."

À Pabu, le commandant de la compagnie de gendarmerie de Guingamp Jean-Baptiste Gautier est celui qui a annoncé "l'heureuse nouvelle" à la famille de Morgane. "C'est un beau moment de ma carrière", confie-t-il. "C'est aussi beaucoup de soulagement, parce qu'on a beaucoup travaillé pour la retrouver."

L'enquête avait mobilisé "70 gendarmes, un groupe judiciaire de 22 enquêteurs", avec à la clé "plus de 110 auditions réalisées et plus de 1.000 personnes interrogées", a précisé la gendarmerie nationale sur X. Mardi, Pierre Salliou a enlevé lui-même l'avis de recherche avec le visage poupin de l'adolescente, affiché à la mairie de Pabu.

C.A avec AFP