"Philippine aurait pu être ma sœur": entre colère et émotion, la première victime de Taha O. s'exprime

La première victime du meurtrier et violeur présumé de Philippine, Taha O., prend la parole. Et demande des comptes à l’administration pénitentiaire. "J'ai tout fait pour que ce qui m'est arrivé ne se répète pas", "je pense à Philippine et à sa famille", "Philippine aurait pu être ma sœur": c’est ce qu’écrit sobrement, dans une lettre adressée aux médias, cette femme qui fait le choix de l’anonymat mais qui a des choses à dire, alors que le débat fait rage, que les questions restent nombreuses sur les dysfonctionnements voire les négligences qui ont conduit à la mort de l’étudiante.
Elle interroge notre système judiciaire: "Quelles mesures sont prévues et mises en place dans les centres détention?". Entre colère et émotion, c’est un propos clinique que l’on lit dans cette lettre. Son autrice répond au débat public. Elle demande des réponses sur les dysfonctionnements de l’obligation de quitter le territoire français. Mais "quand bien même cette OQTF aurait été respectée", "notre humanisme ne peut pas s'arrêter aux portes de nos frontières" dit-elle.
La première victime de Taha O. se dit en fait trahie par l’institution: "J’ai tout fait pour que ce qui m’est arrivé ne se répète pas"¸ "porté plainte", "tenu bon pendant les deux ans d’enquête, d’instruction et de procès". Elle voulait "protéger d’autres femmes" d’un homme que l’on savait dangereux lorsqu’on l’a libéré. Elle réclame "le lancement d’une commission d’enquête sur la prévention de la récidive dans les cas de crimes sexuels et sexistes".
"Toi cœur blanc, moi cœur noir"
Ce week-end, on a appris des détails sur cette première affaire qui avait valu la prison à Taha O. Sur l’affaire et sur cette victime. Le Parisien dresse le portrait d’une jeune étudiante au sang froid qui lui a sauvé la vie. On y découvre le viol et la façon qu’a eue la victime de rassurer son agresseur, par peur de ne pas sortir vivante de la forêt de Taverny. Elle marchera avec lui, après: "C’est très grave ce que tu as fait". "Toi cœur blanc, moi cœur noir" aurait-il répondu.
Ce week-end, c’est aussi l’avocate du suspect du meurtre de Philippine qui a pris la parole. La seule personne extérieure avec laquelle il était en contact. "On craignait un suicide, pas une récidive", dit-elle. Le parcours accidenté de Taha O. se dessine. Abandonné en pleine rue, à l’adolescence, en Espagne, par un père qui refera sa vie ailleurs. Un témoignage écho à celui de la victime du viol de 2019: "Pourquoi le système pénitentiaire a-t-il failli à prévenir cette récidive?".