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"Si on reste dans le silence...": à Rennes, ces habitants prennent position contre les dealers

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La ville de Rennes est confrontée depuis plusieurs à mois à une recrudescence des fusillades liées au trafic de stupéfiants. S'estimant délaissés par les pouvoirs publics, des Rennais veulent se réapproprier l'espace public et faire entendre leur colère. Un rassemblement est organisé en ce sens ce mercredi après-midi, dans le quartier Villejean.

Régine Komokoli, élue du quartier Villejean à Rennes, veut mobiliser les habitants contre le trafic de drogue et les fusillades qui perturbent trop souvent leur quotidien. La confondatrice du collectif Kuné, des "femmes motivées pour améliorer la vie du quartier et son image", demande ainsi le retour de la police de proximité. Un rassemblement a lieu ce mercredi après-midi avec comme objectif de montrer aux dealers et aux pouvoirs publics qu’elles n’ont pas l’intention de se laisser faire.

Samedi soir, encore, un homme âgé d'une cinquantaine d'années a été touché par balles, sur la dalle Kennedy à proximité de l'arrêt de métro et du tabac-presse. L''homme a essuyé des tirs "d'arme automatique", a indiqué le parquet de Rennes. "24 douilles de 9 mm ont été retrouvées."

De nationalité écossaise, l'homme blessé au thorax et à la jambe est désormais hors de danger. Il ne semble pas, toutefois, lié au trafic de stupéfiants, toujours selon la même source. Le week-end précédent, une dizaine de coups de feu avaient été tirés au même endroit, sans faire de blessés, dans ce quartier où se trouvent plusieurs points de deal.

"Occuper l'espace [...] jusqu'à ce qu'il y ait la paix"

Mardi, à quelques mètres des impacts de balle, tracts en main, Régine Komokoli essaie de convaincre les habitants de la nécessité de s'emparer du sujet. "Pour que les gens puissent parler, dire que nous aussi on a le droit à la sécurité. On essaie d'occuper aussi cet espace public pour pouvoir espérer être visibles, y compris de ceux qui commettent ces actes mais aussi pour les pouvoirs publics. On prendre ce risque et on va le faire jusqu'à ce qu'il y ait la paix sur cet espace", explique Régine Komokoli.

Son discours séduit Mounir, qui réside dans le quartier: "Vu la récurrence des fusillades, on est beaucoup à se plaindre de l'inaction. Les habitants ne sont pas des fantômes qui passent entre deux rafales", souligne le Rennais.

"Si on reste dans le silence, les choses ne vont pas bouger"

D'où l'importance de reprendre symboliquement possession des lieux pour ne pas l'abandonner aux dealers. "Je pense à mes enfants, je suis mère célibataire de quatre enfants. De temps en temps, on veut se promener. Si on reste dans le silence, les choses ne vont pas bouger", assure Stella, elle ausis membre du collectif Kuné.

Le collectif a même tracté dans d’autres quartiers rennais touchés par le trafic: "L'idée est de dire: 'Vous avez les mêmes problèmes, mettons-nous ensemble pour pouvoir créer un grand mouvement qui soit visible'", cadre Régine Komokoli. Celle-ci espère que l’initiative de son collectif essaimera dans d’autres villes.

Le coup de fil du jour - Luc, habitant de Rennes : “Tous les quartiers sont impactés. C’est l’armée qu’il faut mettre !” - 28/10
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La maire de Rennes, Nathalie Appéré (PS), a déploré dans un communiqué dimanche soir que "depuis près de trois semaines, le quartier de Villejean est confronté à une guerre de territoires entre narcotrafiquants". L'édile rennaise a dit s'être entretenue avec le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau et avec le préfet sur la situation.

Un enfant de 5 ans entre la vie et la mort en novembre

Le premier s'était rendu dans la capitale bretonne en novembre dernier, après les fusillades ayant eu lieu cette fois-ci dans le quartier Maurepas, au nord de la ville, qui avaient notamment conduit à l'hospitalisation d'un enfant de 5 ans, blessé par balles à la tête.

Le locataire de la place Beauvau avait appelé à la "mobilisation générale" contre le trafic de drogue et les "narcoracailles" mais aussi en théorisant l'idée d'une possible "mexicanisation" de la France.

Martin Cadoret avec Léo Manson