Bébé brûlé à la soude caustique sur un toboggan: les deux mineurs jugés s'excusent, la famille attaque Aldi

Neuf mois qu’Élodie attendait ça. “Je suis soulagée, ça ne répare pas la bêtise, mais ils ont enfin présenté des excuses”, explique la maman du petit Waïl, bientôt trois ans. Avec son mari, elle a traversé l’enfer depuis ce 18 septembre 2024. Ce jour-là, le père de l’enfant l’emmène jouer sur une aire de jeux publique au quartier Lalande à Toulouse. Il dévale le toboggan gaiement, avant de se mettre à hurler quelques minutes plus tard.
Les pompiers l’emmènent aux urgences. Waïl souffre de brûlures au troisième degré et doit subir une greffe de peau. Très rapidement, deux mineurs, âgés de 11 et 12 ans, sont identifiés. Ils ont acheté de la soude caustique au magasin ALDI non loin de là et l'ont déversé sur les structures de jeux.
“Je suis allée au magasin pour vérifier le ticket de caisse. Il n’y avait que ce produit, explique la mère de famille, à la base, ils ont expliqué avoir acheté ce produit pour faire des pétards, donc je pense qu’ils savaient que c’était dangereux.”
Une vie chamboulée depuis les faits
“La greffe est aujourd’hui refermée, mais ça a été compliqué pendant longtemps et ça va encore être compliqué”, résume Élodie, “il fait 40 degrés, mon fils n’a pas le droit de se baigner, il n’a pas le droit d’être au soleil. C’est compliqué. Tous les ans, on part en vacances, mais là, on ne va pas partir parce qu’on va rester enfermés dans la location, ça n’a pas d’intérêt”.
Personne ne sait si l’enfant pourra un jour marcher et courir normalement. Waïl a dû être retiré de la crèche, les soins étant trop compliqués à assumer pour la collectivité. Élodie a donc dû arrêter de travailler pour s’occuper de son fils. “Je n’attends pas une condamnation financière des enfants, mais plutôt qu’ils soient punis de l’acte qu’ils ont commis pour qu’ils ne recommencent pas et que ça n’arrive pas à quelqu’un d’autre.” Le délibéré est attendu le 8 juillet prochain.
La famille demande un million d’euros à ALDI
Les excuses passées, la famille attend désormais l’établissement d’une responsabilité de l’enseigne de hard discount. “ALDI, je leur en veux énormément, car si eux avaient refusé de vendre ce produit, on n’en serait pas là. Je ne les lâcherai pas. Comment la caissière a-t-elle pu laisser passer ça?”, questionne Élodie.
L’avocat de la famille du petit Waïl, maître Pierre Debuisson, avance lui des préjudices “insoutenables” pour la famille de la part de la multinationale: “la seule chose, c'est le silence assourdissant de cette multinationale qui n’a pas cru bon de devoir appeler la famille, de prendre des nouvelles, ou adresser une lettre d’excuses ou des mots de compassion".
Il poursuit: "Un silence assourdissant vécu comme un affront par les victimes. On a ce sentiment d’impunité généralisé qu’on retrouve souvent avec des grandes multinationales et là, encore une fois, avec ALDI, qui a aucun moment n’a cherché à comprendre comment ça s’est passé. Ce comportement-là, on le dénonce avec la plus grande vigueur. C’est la raison pour laquelle d’ailleurs la famille m’a demandé d’assigner ALDI pour demander une somme extrêmement importante, mais qui est symbolique d’un million d’euros qui est à la hauteur du préjudice immense subi par la famille et l’enfant.”
"Il y a une faute morale, une faute juridique et faute de bon sens"
L’avocat se base sur un décret du 6 avril 2021, qui stipule l’interdiction de vendre “des substances ou des mélanges classés comme toxiques aigus” à des personnes mineures.
“Il y a une responsabilité pyramidale. La faute commise par un salarié est partagée par la personne morale et par la direction de la société. Ici la faute commise est la vente d’un produit hautement toxique et très dangereux à des mineurs, ce qui est interdit et qui plus est à des mineurs de 11 ans. Il y a une faute morale, une faute juridique et faute de bon sens. Cette triple faute commande qu’il y ait une action très forte menée contre cette multinationale”, insiste Me Pierre Debuisson.
Les parents de Waïl déplorent aussi le manque d’humanité des dirigeants de la multinationale qui ne leur ont, selon eux, jamais adressé aucun mot d’excuse.
Le délibéré est attendu pour le 8 juillet prochain