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Police-Justice

Le procès des attentats de Trèbes et Carcassonne s'ouvre lundi à Paris

Le procès des attentats de Trèbes et Carcassonne, qui avaient fait quatre morts en 2018 dont le lieutenant-colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame, s'ouvre lundi devant la cour d'assises spéciale de Paris, pour un mois.

Le procès des attentats de Trèbes et Carcassonne, qui avaient fait quatre morts en 2018 dont le lieutenant-colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame, s'ouvre lundi devant la cour d'assises spéciale de Paris, pour un mois. - ERIC CABANIS / AFP

Sept personnes sont jugées à partir de lundi 22 janvier 2024 et durant un mois devant la cour d'assises spéciale de Paris pour les attentats de Trèbes et Carcassonne en 2018 qui avaient causé la mort de quatre personnes, dont le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame.

Trois hommes abattus sur un parking et dans un supermarché, une agente d'accueil prise en otage, jusqu'à ce que le gendarme Arnaud Beltrame se livre à sa place, au prix de sa vie: le procès des attentats de Trèbes et Carcassonne, en 2018, s'ouvre lundi à Paris.

Au matin du 23 mars 2018, Radouane Lakdim, petit dealer de 25 ans d'une cité difficile de Carcassonne (Aude), très radicalisé et surveillé pour cela (fiché S), se rend sur un parking qui a la réputation d'être un lieu de rencontre homosexuel.

Il vise deux hommes dans une voiture. L'un d'eux, 61 ans, décède. L'autre homme sera grièvement blessé. L'assaillant poursuit son périple en voiture à Carcassonne, croise quatre policiers faisant leur footing, tire dans leur direction. L'un d'eux sera gravement blessé.

"Brigadier de l'Etat islamique"

Un peu avant 10h30 Radouane Lakdim arrive au supermarché Super U de Trèbes, une commune voisine de Carcassonne. Là, il tue le chef-boucher de 50 ans du magasin et un client, maçon à la retraite de 65 ans, chacun d'une balle dans la tête. 

Il crie "Allah Akbar", invective les gens entre les rayons, brandit son revolver, puis il prend en otage l'agente de 39 ans cachée dans le local derrière le stand d'accueil. 

Il lui ordonne d'appeler la gendarmerie. Au téléphone, il ne laisse planer aucun doute sur ses motivations, se présentant comme un "brigadier de l'Etat islamique", évoquant les bombardements de la France en Syrie, demandant la libération de Salah Abdeslam (seul membre encore en vie des commandos du 13 novembre 2015 en France). 

"Depuis le temps que je veux faire ça", dit-il aussi aux gendarmes, se vantant de ses crimes commis plus tôt dans la matinée: "les CRS je les ai canardés", "j'ai allumé deux pédés (...) deux balles dans la tête, sans pitié".

Au bout d'une heure, le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, 44 ans, entre et convainc le jihadiste de le prendre otage, lui, à la place de l'agente.

Le GIGN (unité d'intervention d'élite de la gendarmerie) donne l'assaut vers 14h30. Radouane Lakdim est abattu. Arnaud Beltrame, grièvement blessé au couteau au niveau du cou par l'assaillant, décédera à l'hôpital. Un hommage national est rendu quelques jours plus tard aux Invalides à Paris, à celui qui est unanimement qualifié de "héros".

"Sa grandeur a sidéré la France", dira le président Emmanuel Macron.

L'attentat avait été revendiqué par l'organisation État islamique (EI), une revendication opportuniste selon les enquêteurs, aucun contact avec l'assaillant n'ayant été établi.

Devant la cour d'assises spéciale de Paris, aucun des sept proches de Radouane Lakdim - six hommes et une femme âgés de 24 à 35 ans comparaissant pour la plupart libres sous contrôle judiciaire - ne sera jugé pour complicité des crimes commis. 

Ils comparaîtront surtout pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle", punie d'un maximum de 30 ans de réclusion criminelle. 

Sur le banc des accusés: Marine Pequignot, la petite amie de Radouane Lakdim à l'époque (elle avait alors 18 ans), très radicalisée également. Elle savait, selon l'accusation, ce dont il était capable. 

Aux enquêteurs, elle a expliqué qu'il adorait les armes (il avait "cinq ou six machettes et des couteaux", "deux fusils à pompe", un pistolet) et disait souvent que "par rapport aux mécréants, il allait péter les plombs".

Sera aussi jugé le beau-frère de Radouane Lakdim, Ahmed Arfaoui, 29 ans, soupçonné notamment d'avoir "nettoyé" en catastrophe l'appartement du jihadiste le jour de l'attentat avant la perquisition, en emportant un grand sac plein. 

Est également renvoyé devant la cour Samir Manaa, 28 ans, l'ami qui a accompagné Radouane Lakdim dans le magasin de chasse et pêche où l'assaillant a acheté le couteau qui a mortellement blessé Arnaud Beltrame. Pour l'accusation, cet ami connaissait pourtant "ses velléités jihadistes et sa dangerosité".

Reda El Yaakoubi, 34 ans et considéré comme le "chef" du trafic de drogue de la cité, est notamment accusé d'avoir fait travaillé Radouane Lakdim, "aidant de ce fait matériellement et financièrement" l'assaillant alors qu'il était "parfaitement conscient" de son état d'esprit: Lakdim posait sur les réseaux sociaux avec des armes sur fond d'appel au jihad, parlait régulièrement de "tuer les mécréants", et prévenait qu'il passerait "sur BFMTV" selon des proches.

Le procès est prévu jusqu'au 23 février.

CA avec AFP