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Omar Ismaïl Mostefaï, kamikaze du Bataclan: "Je n'aurais jamais cru qu'il dérive dans cette barbarie"

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TEMOIGNAGES RMC - L'enquête sur les attentats les plus meurtriers jamais commis en France a permis d'identifier trois des sept kamikazes. Parmi eux, Omar Ismaïl Mostefai, 30 ans, originaire de Courcouronnes (Essonne), s'est fait exploser dans le Bataclan. Interrogés par RMC, ses anciens collègues ou amis ont le souvenir d'un adolescent comme les autres.

Trois jours après les terribles attentats qui ont frappé Paris, l'enquête avance. Ce lundi, on en sait un peu plus sur la trajectoire d'Omar Ismaïl Mostefai, un des quatre terroristes du Bataclan. Ce Français de 30 ans, qui s'est fait exploser dans la salle de concert, a pu être identifié grâce à ses empreintes digitales. Né à Courcouronnes, il a grandi dans cette ville de l'Essonne, jusqu'en 2004 ou 2005, avec ses parents (sa mère est portugaise et son père algérien) et ses quatre frères et sœurs.

Omar est un jeune homme grand, les yeux bleus, la peau claire. Il est décrit par ses amis comme un adolescent apprécié du quartier, qui n'a jamais fait parler de lui. Bagarreur certes, mais qui ne cherche pas les ennuis. Malgré tout, il semble avoir eu un passé de délinquant: il a été condamné à plusieurs reprises, mais n'a jamais été incarcéré.

"Il était toujours prêt à suivre les meneurs"

"Je le connais depuis qu'il est tout petit, depuis qu'il est bébé. Il était dans la petite délinquance… Il était souvent dehors le soir, il fumait et buvait… Je sais que quand il était jeune, quand il y avait des conneries, il était toujours prêt à suivre les meneurs. Il était là. Il ne parlait pas mais il suivait tout le monde", confirme anonymement, sur RMC, un de sans anciens amis. Après le lycée Omar suit une formation de boulanger, mais ça ne lui plait pas.

Son père décide alors d'éloigner la famille du quartier du Canal dans lequel ils vivent notamment pour qu'Omar se détourne de ses mauvaises fréquentations. La famille Mostefei s'installe alors à Chartres jusqu'en 2012. Omar y fréquente la mosquée du quartier Beaulieu. A Chartres, il rencontre sa femme dont il aura un enfant et décide de partir un temps vivre à Dubaï pour trouver du travail.

"Il a dû chavirer il y a peu de temps"

Il part ensuite en Turquie en 2013 mais on ignore encore s'il a rejoint la Syrie. Il est revenu en France au printemps 2014, ce qui lui vaut d'être fiché S par les policiers. Pour autant, il n'avait jamais été impliqué dans un dossier terroriste. "Il a dû connaître des gens qui lui ont fait un bourrage de crâne. Et ça en peu de temps parce qu'à un moment, il est revenu et je l'avais vu dans le quartier. Il avait une djellaba mais il était normal. Pour moi, ce n'était pas un terroriste. Il a dû chavirer (sic), il y a peu de temps", croit savoir son ami d'enfance.

Une ancienne connaissance ne dit pas autre chose: "Quand je l'ai connu, il était dans la religion mais pas dans le salafisme, l'extrémisme ou quoi que ce soit. Il faisait sa prière comme tout musulman". Et d'ajouter: "Personnellement, le souvenir que j'ai d'Omar c'est que c'était quelqu'un de gentil, de joyeux, un homme de paix… Je n'aurais jamais cru qu'il dérive dans cette haine et dans cette barbarie aussi stupide et violente".

Maxime Ricard avec Antoine Perrin