RMC

"On ne se sent pas en sécurité": à Saint-Ouen, les habitants dans l'angoisse après la fusillade qui a fait deux morts lundi

Les faits auraient eu lieu dans une cave de la cité Soubise, cave où l’on a retrouvé les deux corps des victimes par armes à feu. Un touché à la gorge l’autre au niveau du torse.

Deux jeunes de 17 et 25 ans ont été retrouvé morts après une fusillade dans la nuit de lundi à mardi à Saint-Ouen en Seine-Saint-Denis. Leurs prénoms : Sofiane et Tidiane. 

Dans la ville, les habitants vivent de plus en plus mal cette montée des violences, et les parents s’inquiètent de plus en plus. Vivre juste au-dessus d’un point de deal, c’est un enfer, nous confie anonymement cette habitante de Saint Ouen. Son hall d’entrée est constamment occupé par les dealers.

“Une fois qu’ils arrivent dans un lieu, pour eux, c’est chez eux et nous, on ne se sent plus chez nous. Ils sont en bas de chez moi non-stop, 24h sur 24. Le soir, on se pose la question est-ce qu’on doit rentrer, pas rentrer, on va être accepté comment ?”, indique-t-elle. 

Quand on est à quelques rues, comme Viviane mère de 3 enfants, on n'est pas rassuré pour autant. “Mes enfants ne sortent pas passé une certaine heures. Passé 21 heures, il n’y a personne qui met les pieds dehors parce qu’on ne se sent pas en sécurité. On n’est pas dans un quartier, on se dit, on peu sortir à n’importe quelle heure, ce n’est pas le cas”, ajoute-t-elle.

Les jeunes utilisés par les dealers

Les points de deal sont la plupart ouverts de midi à minuit, mais c’est à toute heure que Viviane voit des jeunes traîner à proximité des points de ventes. 

“Moi ce que je vois à mon niveau, ce sont des bandes de jeunes. Après savoir qui fait quoi exactement, je ne saurais pas le dire. Ca reste dehors toute la journée, le soir tard même. On voit des enfants qui doivent avoir entre 7 et 8 ans et qui traînent seul le soir”, indique cette habitante. 

Si les réseaux impliquent de plus en plus de jeunes, c’est pour échapper à la justice explique Matthieu Valet du syndicat indépendants des commissaires de Police.

“Les voyous savent très bien que les mineurs ont moins de risque de se faire condamner lourdement par la justice. Et donc pour faire le chouf, c’est-à-dire pour mettre des individus qui décèlent les présences policières ou même pour vendre des stupéfiants, et donc c’est plus avantageux de mettre des mineurs qui risquent moitié moins que des majeurs. Donc aujourd’hui, on a des problèmes avec les mineurs et sur des voyous qui n’hésitent plus à se tuer pour récupérer des points de deal”, assure-t-il. 

D’après lui, certains de ces mineurs partiraient même d’Île-de-France pour aller dealer à Lyon ou à Lille, villes où les policiers ne les connaissent pas encore.

Maxime Brandstaetter et Juliette Pietraszewski avec Guillaume Descours