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Prisons attaquées : "Un pas supplémentaire dans la terreur et l'intimidation", dénonce ce syndicat

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Stupeur dans les rangs des personnels pénitentiaires après les différentes attaques qui ont touché les prisons et les agents, dont deux dans la nuit de lundi à mardi. Wilfried Fonck, secrétaire national UFAP-UNSA Justice, déplore ce mercredi sur RMC "l'insécurité" qui entoure au quotidien la profession.

Des attaques touchant des prisons ou des agents de l'administration pénitentiaire ont été perpétrées depuis dimanche 13 avril, dans toute la France. Des véhicules ont été incendiés devant plusieurs établissements, des tirs d'armes automatiques ont visé le portail de la prison de Toulon-La Farlède (Var) et un immeuble d'habitation d'un agent a été pris pour cible en Seine-et-Marne.

Joint par l'AFP, Emmanuel Baudin, secrétaire général du syndicat FO-Justice, a évoqué, outre les trois véhicules incendiés à Tarascon, "un autre feu au domicile d'un agent qui travaille à Aix", et "un incendie dans la cage d'escalier d'un immeuble d'une agente" en Ile-de-France.

Si les auteurs n'ont pas encore été identifiés, ils semblent faire partie d'un même groupe, agissant sous le nom de "DDPF" pour "Défense des droits des prisonniers français", selon le Parquet national antiterroriste, saisi de l'affaire. "Il y a manifestement des gens qui essaient de déstabiliser l'État", a déclaré ce mercredi le ministre de la Justice Gérald Darmanin sur CNEWS/Europe 1.

Pris pour cible jusqu'au domicile

Face à ces actes, les agents de l'administration pénitentiaire sont sous le choc (deux ont témoigné auprès de RMC) et angoissent. "On a encore franchi un pas supplémentaire dans la terreur et dans l’intimidation du personnel pénitentiaire, car même chez eux ils se retrouvent en insécurité", déplore ce mercredi sur RMC Wilfried Fonck, secrétaire national UFAP-UNSA Justice. "Que ce soit "à l'intérieur [des prisons], lorsqu'ils exercent leurs missions", à l'extérieur "quand ils quittent l'établissement" ou même à leur propre domicile, "ils sont en insécurité", développe-t-il au micro d'Apolline Matin. Pour lui, "c'est proprement inacceptable".

La prison, directement attaquée, est un signe fort. "À partir du moment où la police ne fait plus peur et où la prison fait rigoler", alors "il ne reste pas grand chose à l'autorité de la République", estime Wilfried Fonck

Pour Wilfried Fonck, la situation est extrêmement délicate pour le personnel, d'autant plus qu'il travaille déjà en sous-effectif. "On travaille dans des conditions très dégradées voire inhumaines", il faut voir "les chiffres de la surpopulation carcérale et des vacances de postes". Il résume : "La population [au sein des prisons] ne cesse d'augmenter alors que les effectifs, eux, ne cessent de baisser. La machine est en train de se gripper".

Il faut "réinstaurer l'ordre"

Pour faire face à ces actes, des mesures doivent être prises, selon le secrétaire national UFAP-UNSA Justice. Il propose, par exemple, que "toutes les adresses des agents" soient répertoriées et qu'elles soient transmises aux commissariats de proximité.

Le choix d'Apolline : Wilfried Fonck - 16/04
Le choix d'Apolline : Wilfried Fonck - 16/04
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Plus globalement, il estime que ce qui rassurerait les agents, c'est qu'il y ait "des mesures prises pour sécuriser les domaines pénitentiaires, pour réinstaurer l'ordre et la discipline à l'intérieur des établissements" et enfin, "qu'on ait un véritable coup de poing sur la table en disant 'quand on touche un personnel, on sanctionne sévèrement'".

Astrid Bergere