Procès d'une fausse victime des attentats du 13-Novembre: "Les vraies victimes se sentent trahies"
Elle s'est fait tatouer la devise de Paris - "Fluctuat nec mergitur" - après les attentats du 13 novembre 2015. Elle était devenue porte-parole des "terrasses" parisiennes, une association de victimes. Mais il n'en était rien. Le tribunal correctionnel de Paris l'a condamné aujourd'hui à 18 mois de prison ferme.
Alexandra D. est soupçonnée notamment d'avoir escroqué le Fonds de garantie des victimes d'actes de terrorisme et autres infractions pénales (FGTI) à hauteur de 20.000 euros entre janvier 2016 et mai 2017. Cette jeune femme de 32 ans, sous contrôle judiciaire depuis fin juin, avait déclaré se trouver sur la terrasse du Carillon, avec deux amies qui avaient, selon elle, été tuées.
Une habituée du Carillon... mais qui n'y était pas le soir du 13 novembre
Elle expliquait ainsi avoir pris une rafale de kalachnikov dans le coude, qui lui avait laissé une cicatrice après le "retrait de la balle" en janvier 2016. De fait, elle a été inscrite sur la "Liste unique des victimes" établie par le parquet, ce qui lui avait ouvert des droits à l'indemnisation.
Mais des incohérences dans son récit avaient éveillé l'attention et conduit à l'ouverture d'une enquête. La jeune femme expliquait ainsi qu'elle était une habituée du Carillon, mais n'y était pourtant pas le soir des attaques.
L'assocation Life for Paris et le FGTI se sont ainsi constitués parties civiles, comme l'Association française des victimes du terrorisme (AFVT), qui reproche à Alexandra D. des faits d'escroquerie à son propre préjudice.
"C’est odieux pour les vraies victimes"
Selon Guillaume Denoix de Saint Marc, directeur général de l'association, la jeune femme avait participé à un stage thérapeutique d'une semaine dans un hôtel en Normandie, organisé et financé par l'AFVT, "puis était restée en contact avec ce groupe en continuant à lui mentir".
Sur RMC, il dénonce ainsi un préjudice moral:
"Nous avons assisté cette personne, inclue dans un groupe de parole. Cette fausse victime s’est adressée à des vraies victimes, a reçu des témoignages de vraies victimes qui se sont confiées à elle, qui ont échangé avec elle pensant qu’elle était aussi victime". Il dénonce ainsi l’impact du mensonge sur les vraies victimes: "Dès lors que l’on sème le doute, c’est odieux pour les vraies victimes, elles se sentent trahies, ce n’est pas admissible". Par conséquent, il réclame une sanction "exemplaire".
Une quinzaine de personnes ont déjà été condamnées pour tentative d'escroquerie ou escroqueries liées aux attentats de 2015.