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Remplacer la méthode d'"étranglement" par des Taser pour les forces de l'ordre: pourquoi l'idée fait débat

Christophe Castaner a annoncé lundi la fin de l'utilisation de la technique de l'étranglement lors des interpellations pour les forces de l'ordre. La généralisation du pistolet électrique est demandée par des syndicats de police, une bonne idée?

La fin de l'utilisation de la technique de l'étranglement par les forces de l'ordre a été annoncée lundi dans un contexte de manifestations contre les violences policières. "Il y a plein d'autres solutions pour interpeller quelqu'un qui ne se soumet pas", a confirmé mardi Christophe Castaner sur RMC.

Le ministre de l'Intérieur, qui parlait de clés de bras, de balayage mais aussi de moyens techniques comme le pistolet à impulsion électrique. Ce dernier, le Taser, c'est justement ce que réclament certains syndicats de police. Pour compenser la disparition de l'étranglement, certains comme le syndicat Alliance, veulent une généralisation du Taser, que chaque policier en soit doté.

"Un individu pris d'une colère, pour le maîtriser... On ne fait pas tous 1,90 m"

Une idée qui pose beaucoup de questions. Grégory Goupil, représentant du syndicat Alliance en Île-de-France, explique pourquoi les forces de l'ordre ont besoin selon lui d'autres moyens pour interpeller les suspects.

"Un individu pris d'une colère, pour le maîtriser... On ne fait pas tous 1,90 m. et 90 kilos de muscles."

Le pistolet à impulsion électrique, arme considérée comme non létale serait donc la solution.

"C'est une décharge électrique. Il y a deux positions avec le Taser, la position "Shocker" (Choc) et la position qui bloque la relation entre la moelle épinière et le cerveau et qui neutralise complètement l'individu."

S'attaquer à la moelle épinière et le cerveau, ce n'est évidemment pas du tout anodin, et cela demande une formation généralisée. D'où les doutes, de Mathieu Valet, du syndicat indépendant des commissaires de police.

"Actuellement en formation initiale il n'y a pas de formation qui est dispensée. Ca va vite en terme d'utilisation, mais derrière il y a toute la sensibilisation. Par exemple: comme c'est une arme électrique on ne peut pas l'utiliser dans le réseau souterrain de transports en commun et il y a toute une sensibilisation par rapport aux antécédents médicaux de la personne, il peut y avoir un risque."

Les policiers et gendarmes sont mal formés à la désescalade verbale?

Des individus en France, comme à l'étranger, sont décédés à cause de ce Taser. L'ONG Amnesty International parle d'une arme "redoutable", Anne-Sophie Simpere, est l'une des porte parole de l'ONG:

"En droit international, ça ne peut pas être utilisé simplement pour maîtriser une personne, puisque s'il y a un risque léthal ce serait totalement disproportionné de prendre le risque de tuer simplement pour maîtriser une personne.
Le débat est sur ce qu'il reste comme usage de la force. Mais il y a beaucoup d'autres choses que les policiers doivent maîtriser à commencer par la négociation, la communication, le dialogue..."

Pour Amnesty international, en France, les policiers et gendarmes sont mal formés à la désescalade verbale, à la psychologie et emploient trop souvent la force comme premier recours.

Thomas Chupin (avec J.A.)