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Salah Abdeslam à Fleury-Mérogis: "J'attends qu'il nous fasse des révélations sur ce qu'il s'est passé"

TEMOIGNAGES - Salah Abdeslam, seul survivant des commandos des attentats jihadistes qui ont fait 130 morts en France le 13 novembre, transféré mercredi de Belgique à Paris, a été mis en examen pour assassinats à caractère terroriste et placé en détention provisoire. Désormais, les familles des victimes attendent qu'il s'explique.

Salah Abdeslam a passé sa première nuit en prison dans une cellule totalement isolée à Fleury-Mérogis, la plus grande prison d'Europe. "Il est pris en charge avec les conditions maximales de sécurité", "en quartier d'isolement et dans une cellule seule. La cellule est équipée d'un dispositif de vidéosurveillance", a assuré ce mercredi le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas. Un peu plus tôt, le seul survivant des commandos des attentats jihadistes qui ont fait 130 morts en France le 13 novembre a été présenté au juge d'instruction.

Si pour le moment il n'a rien dit, Salah Abdeslam a simplement assuré au juge qu'il s'exprimera "ultérieurement ". Il devrait le faire le 20 mai prochain lorsqu'il sera entendu sur le fond de l'affaire. Les questions des six juges d'instruction en charge du dossier seront multiples: ils vont notamment chercher à obtenir des informations sur son rôle exact dans la préparation et le déroulé des attentats du 13 novembre. Autant d'explications qu'aimeraient aussi avoir les familles des victimes.

"Il sait des choses"

"Ces auditions sont une étape de plus vers le procès que l'on espère avoir. C'est quand même une chance, on s'en rend compte. Les victimes de Mohamed Merah ou celles de Charlie Hebdo n'ont pas pu bénéficier de tout ça. Mais on attend aussi beaucoup de ce qu'il va dire, assure sur RMC Emmanuel Domenach, président de l'association "13 novembre: fraternité et vérité". On est un peu partagé entre son attitude qui, d'un côté, est de dire 'Je n'ai rien fait, je suis l'idiot du village' comme le disent ses avocats. Mais, de l'autre, il sait des choses, il peut mettre en lumière des dysfonctionnements et c'est hyper important pour nous".

"Aujourd'hui, on vit avec la peur qu'il y ait un nouveau 13 novembre, que tout cela n'ait servi à rien, ajoute-t-il. On a donc l'espoir qu'il affronte les juges avec des éléments concrets. Il dit qu'il veut s'expliquer, on va voir ça…" De son côté, Patricia Correia, l'administratrice de l'association "13 novembre" qui a perdu sa fille Précilia lors de l'attaque contre le Bataclan, "attend tout simplement qu'il nous fasse des révélations sur ce qu'il s'est passé ce jour-là". "Je veux aussi comprendre pourquoi on tue des gens, des innocents tout simplement parce qu'ils aiment la vie", poursuit-elle.

"Il ne s'est pas fait sauter, c'est un lâche"

"Il a participé, il a transporté des gens, loué des voitures… Pour moi, c'est un complice. S'il avait voulu sauver des vies, il pouvait le faire en prévenant les forces de l'ordre. Il ne l'a pas fait, ne transige-t-elle pas. Il ne s'est pas fait sauter, c'est un lâche ! Ce ne sont pas des vies qu'il a sauvé, c'est la sienne". Et de conclure: "J'espère que je serais encore en vie quand il y aura le procès pour pouvoir l'affronter du regard".

Alors que dans une interview, l'avocat belge de Salah Abdeslam, Sven Mary, dresse un portrait acide du terroriste en parlant notamment de lui comme du "petit con de Molenbeek issu de la criminalité" à "l'intelligence d'un cendrier vide", Mehana Mouhou, l'avocat de plusieurs victimes du Stade de France et du Bataclan, assure que certains de ses clients sont "écœurés" par cette défense. "Les victimes vont éteindre leur télé parce que c'est insupportable. C'est une blessure qui se rouvre, ne décolère-t-il pas. La tuerie du Bataclan, les assassinats planifiés, ce ne sont pas des crimes de 'petit con', ce sont des crimes de terroriste. A force d'expliquer l'inexplicable, on finit par excuser l'inexcusable".

M.R