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Police-Justice

Scandale de Bétharram: "Nous devenons des victimes, enfin", confie un plaignant après les interpellations

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Après l'interpellation de trois hommes dans l'enquête sur le scandale de Notre-Dame de Bétharram, les victimes ont fait par de leur soulagement mercredi. Ce sont les premières gardes à vue après un an d'enquête sur des violences physiques et des viols aggravés dans cet établissement catholique des Pyrénées-Atlantiques. Au total, 132 plaintes ont été déposées.

Nouveau rebondissement dans le scandale de Notre-Dame de Bétharram. Trois hommes ont été interpellés et placés en garde à vue pour des viols aggravés, agressions sexuelles aggravées et/ou violences aggravées dans le cadre de l’enquête sur l’établissement des Pyrénées-Atlantiques, a annoncé mercredi le parquet de Pau.

Dans un communiqué, le procureur de la République, Rodolphe Jarry, précise que ces derniers sont nés en 1931, 1955 et 1965. Ils sont entendus pour des faits susceptibles d’avoir été commis entre 1957 et 2004 au sein de l’établissement. À ce moment-là, les trois hommes font partie de l’encadrement au sein du pensionnat Notre-Dame de Bétharram.

Ces interpellations interviennent près d’un an après l’ouverture d’une enquête et alors que plus de 130 plaintes ont été déposées par d’anciens élèves de l’établissement. Certains dénoncent des masturbations et fellations subies ou imposées, d’autres racontes des attouchements, des regards insistants sous les douches et puis des châtiments corporels.

En ce moment, les gendarmes entendent donc les trois hommes pour les confronter aux déclarations des plaignants âgés au moment des faits de 8 à 13 ans… Et l’annonce de ces arrestations est un véritable soulagement pour certains plaignants. Un soulagement d’abord de voir l’enquête avancer près d’un an après le dépôt des premières plaintes. Cyril Ganne, ancien pensionnaire de Betharram, ne mâche pas ses mots.

“Aujourd’hui, c’est le plus beau jour de ma vie parce que nous ne sommes plus des affabulateurs. Nous devenons des victimes, enfin”, appuie-t-il.

Le chemin jusqu'à un procès encore très long

Lui accuse l’un des suspects de violences et d’agression sexuelle. Il espère à présent obtenir réparation. “Je souhaite que les gens qui sont partis en garde à vue là, ça aille beaucoup plus loin qu’une simple garde à vue. Je veux que la justice se prononce par rapport à ce qui s’est passé”, indique-t-il.

Alexandre Perez aussi accuse l’une des personnes en garde à vue. Et lui aussi espère qu’un procès aura lieu pour l’aider à surpasser le traumatisme.

“J’ai une relation au corps, à la nudité, à la relation intime à l’autre qui est problématique parce qu’on avait ces regards qui étaient sur nous que ce soit dans les douches, dans les vestiaires. Donc c’est vrai que c’est très délicat et les conséquences elles ne sont pas neutres. On ne pourra pas supporter qu’on nous dise ‘ah ben non, c’est prescrit, on ne peut rien faire’. Non, on veut les mettre au perron ces personnes-là. On veut que la honte, la crainte change de corps”, assure-t-il.

Mais les 130 plaignants le savent, l’enquête va prendre du temps et le chemin jusqu’à un possible procès sera certainement très long.

Pierre Bazin avec Guillaume Descours