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"Si tous les jours le cas se représente...": les aéroports lassés des fausses alertes à la bombe

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Une quinzaine d'aéroports ont dû être évacués totalement ou partiellement mercredi après avoir reçu des alertes à la bombe par mail. Ce genre d'alerte se multiplie depuis quelques semaines avec notamment des écoles ciblées ou encore le château de Versailles, déjà évacué à plusieurs reprises.

Quinze aéroports du pays ont dû être évacués mercredi totalement ou partiellement, selon le ministère des Transports, à cause d’alertes à la bombe. Ont notamment été concernés ceux de Beauvais, Biarritz, Bordeaux, Brest, Carcassonne, Lille, Lyon, Nantes, Nice, Pau, Rennes, Strasbourg, Tarbes-Lourdes, ou encore Toulouse. Dans le même temps, le château de Versailles a également connu une nouvelle évacuation, la troisième en cinq jours.

Des menaces qui se multiplient depuis quelques jours, partout en France, les écoles sont également visées. Selon Gabriel Attal, il y a eu 168 alertes à la bombe depuis la rentrée dans les établissements scolaires. Et à chaque alerte, il faut évacuer les bâtiments, procéder à des inspections de sécurité.

À chaque fois, c'est le même procédé. Les aéroports ont reçu par mail des menaces leur indiquant qu'une bombe a été placée au milieu des passagers. Comme c'est la procédure, les aéroports procèdent alors à l'évacuation des zones où patientent les voyageurs avant que les équipes de déminage n'interviennent.

"Certains ont été fermés pendant plusieurs heures et ça porte un réel préjudice. C'est toute une chaîne de transports qui est mise à l'arrêt et une situation compliquée pour tout le monde", regrette sur RMC ce jeudi matin Thomas Juin, président de l'Union des aéroports français.
Le parti-pris : Alertes à la bombe à répétition, la colère des aéroports - 19/10
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Des évacuations à répétition au Chateau de Versailles

Au total, 17 aéroports partout en France ont reçu ces menaces. 15 ont été évacués. Conséquences, plus de 130 vols ont dû être annulés entraînant une pagaille gigantesque dans les terminaux avec des retards en cascades. À Toulouse, Beauvais, Bordeaux et Pau, le trafic a été complètement interrompu de longues minutes. À Nice, ce n'est pas un email, mais un colis suspect qui a provoqué des retards avec la mise en place d'un périmètre de sécurité.

Les vols ont repris partout en France dans la soirée. Et si la procédure d’évacuation est comprise, ceux qui travaillent dans les bâtiments menacés commencent à s'agacer de ces évacuations à répétition. Des clients à récupérer, rapatrier sur Paris, après l'évacuation du château de Versailles qu'ils étaient en train de visiter. Voilà ce qui occupe les journées de Cédric Blot en ce moment. Ce directeur d'une agence de guides touristiques n'avait jamais connu ça.

“C’est juste n’importe quoi. C’est une crainte qui est légitime. Maintenant ce qui serait intéressant, c’est de savoir quelle est la suite parce que si tous les jours le cas se représente, on fait comment en fait?”, demande-t-il.

Dupont-Moretti veut des sanctions

Des évacuations subies aussi dans les aéroports que ce soit par les voyageurs et par ceux qui y travaillent. Pas facile à vivre pour les collègues de Rodolphe Robert. Il s'occupe de la maintenance des bâtiments de l'aéroport de Toulouse Blagnac. Mais il comprend parfaitement ces mesures strictes de sécurité. “Le risque zéro n’existe pas. On sait que ça fait partie des sites sensibles. Il ne faut jamais prendre ce genre de chose à la légère”, assure-t-il.

Et si les levées de doutes éloignent à chaque fois, jusqu'à présent, les risques, toutes les menaces seront traités assurent Eric Henry, le délégué national du syndicat de police Alliance.

"Qu’on soit usé, fatigué, lassé de ces fausses alertes, on ne peut pas ne pas en tenir compte. C’est le principe de précaution qui prédomine et aucun risque n’est pris par rapport à la sécurité des uns et des autres”, pointe-t-il.

Les plaisantins à l'origine de ces fausses alertes à la bombe seront retrouvés et punis à prévenu le ministre de la Justice, Eric Dupont-Moretti.

Martin Bourdin, Lucile Pascanet, Victor Joanin et Nicolas Ropert avec Guillaume Descours