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Sites piratés: "Les islamistes veulent donner le sentiment d'une prise de contrôle"

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Des centaines de sites français ont été piratés par des hackers qui y ont diffusé des messages de propagande jihadiste. Une riposte aux attaques des Anonymous contre des sites islamistes. C'est une véritable cyberguerre qui est déclenchée.

La riposte des islamistes n'a pas tardé. Après les "vengeances" des Anonymous contre des sites de propagandes jihadistes qui ont suivi les attentats contre Charlie Hebdo, des centaines de sites français ont été à leur tour piratés par des hackers islamistes. Pas pour voler des données, mais le plus souvent pour afficher des messages idéologiques. Sur certains on pouvait lire sur la page d'accueil des slogans tels que "Il n'y a de Dieu qu'Allah", "Death to France" ou "Death to Charlie", le tout sur fond noir. Des cibles qui peuvent paraître étonnantes: Conseil général du Lot, office de tourisme de Biarritz, Palais des Papes d'Avignon, académie de Créteil, cathédrale de Nantes, Mémorial de Caen…

"L'idée c'est de donner le sentiment qu'on prend le contrôle"

"On parle là de déphasage, de modification de la page d'accueil. On a pris le contrôle de ces pages pour les modifier", explique ce mardi sur RMC Nicolas Arpagian, directeur scientifique “sécurité numérique” à l'Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice. "Ces cibles sont attaquées pour des raisons techniques, peut-être que le pirate a trouvé une faille dans la configuration de ces sites", explique-t-il. Mais il n'y a pas que des raisons techniques. "L'idée c'est de donner le sentiment qu'on prend le contrôle". C'est pour "provoquer un sentiment de faiblesse, de viol qui est déstabilisant". C'est dire "on est partout ! Créer un sentiment de malaise et d'insécurité. Miner les esprits en disant : 'nous sommes capables de nous insérer dans la société même au plus près de chez vous'".

"Vos dirigeants ne sont pas capables de se protéger eux-mêmes"

"De mémoire, je n'ai jamais vu une campagne (de hacking) aussi importante dans un temps aussi restreint", s'est inquiété Gérôme Billois, expert du Cercle européen de la sécurité informatique, à propos de ces attaques. Mais comme l'explique Nicolas Arpagian, des sites comme ceux des collectivités locales ou des monuments historiques sont facilement piratables. Mais les hackers islamistes sont capables de viser bien plus haut. Ainsi, les comptes Youtube et Twitter du commandement militaire américain au Moyen-Orient (Centcom), qui supervise toutes les opérations militaires en Irak, en Syrie et en Afghanistan, a lui aussi été piraté, alors qu'il se trouve à Tampa, en Floride. Là enore, les pirates veulent "jouer sur les états d'esprit", avance Nicolas Arpagian. "Ils envoient un message à l'opinion publique américaine : vous voyez vos dirigeants ne sont pas capables de se protéger eux-mêmes".

We're back! CENTCOM temporarily suspended its Twitter account after an act of cybervandalism. Read more: http://t.co/hiwvSp3uWt
— U.S. Central Command (@CENTCOM) 13 Janvier 2015

Anonymous, "une gêne pour les enquêteurs"

Dans cette cyberguerre, l'expert en sécurité informatique Olivier Laurelli, fondateur du site reflets.info, espère une chose : que les Anonymous ne surenchérissent pas. Leur action est "une gêne pour les enquêteurs". "Ce n'est pas souhaitable de toute façon qu'il y ait ce type d'escalade et qu'Anonymous réponde encore une fois parce que ça créé du 'bruit', ça gêne le travail des enquêteurs. Il y a assez de signalement qui sont faits comme ça sur Internet". Il appelle d'ailleurs les internautes à signaler tout contenu de propagande jihadiste "sur la plateforme dédié à cet effet, qui s'appelle Pharos et qui est mise en place par l'État. La logique voudrait que l'on passe par ça".


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P. Gril avec JJ. Bourdin et R. Cluzel