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Trois ans et demi de prison pour une djihadiste qui a failli s'évader grâce à un couteau à beurre

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Un trou creusé dans le mur de la cellule, au couteau à beurre: une détenue dans une affaire de terrorisme a été condamnée mardi à Paris trois ans et demi d'emprisonnement, pour une rocambolesque tentative d'évasion de la prison de Fresnes.

Six à huit heures par jour pendant des semaines, elle a creusé dans le plafond, scié les barreaux, gratté le mur de sa cellule. Au tribunal de Paris, une détenue dans une affaire de terrorisme a fait le récit de sa rocambolesque tentative d'évasion de la prison de Fresnes, pour laquelle elle a été condamnée mardi à trois ans et demi de prison.

Un projet "minutieusement préparé", avec "détermination, pendant plusieurs mois", a estimé le tribunal correctionnel de Paris, en rendant sa décision.

"Je n'avais plus d'espoir", a lancé l'accusée devant le tribunal qui la jugeait ce mardi

"Quatre ans" qu'elle "tournait en bourrique", à se voir poser "les mêmes questions" sur son mari combattant jihadiste, a-t-elle expliqué. Quatre ans qu'elle bouillonnait d'"impuissance", voyant bien au parloir, que ça ne se passait "pas bien" dans la famille d'accueil de sa fille de cinq ans, née à Raqqa (Syrie).

Du vinaigre et de l'eau chaude pour gratter un mur

Le tribunal a retracé ses différents "projets" d'évasion, notant sa "détermination: les "17 jours" qu'elle a passé à essayer de creuser le plafond de sa cellule avec une tige de fer, avant d'attaquer les barreaux avec un couteau à beurre, puis finalement à gratter le mur sous la fenêtre avec du vinaigre et de l'eau chaude. Chaque jour, elle rebouche le trou avec la terre effritée et le camoufle avec une serpillère.

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Elle réussira à sortir par ce trou de 23 centimètres sur 42, au milieu d'une nuit de novembre 2021, et à descendre en rappel à l'aide d'une corde tressée de draps. Après avoir escaladé un premier mur de cinq mètres, elle n'avait pas réussi à passer le mur d'enceinte de la prison, et avait été interpellée. Le tribunal a pointé le décalage incompréhensible entre toutes ces semaines de préparation et l’improvisation finale de cette tentative d’évasion.

Deux ans après, des regrets

En 2021, Douha Mounib, "revenante" de Syrie d'aujourd'hui 32 ans, était incarcérée à la maison d'arrêt de Fresnes (Val-de-Marne) depuis quatre ans, attendant d'être jugée pour avoir rejoint deux fois les rangs du groupe Etat islamique en Syrie et en Irak, entre 2013 et 2017. Elle a été condamnée por ces faits par la cour d'assises spéciale de Paris, en mars 2023, à douze ans de réclusion criminelle.

Aujourd'hui, elle dit regretter cette tentative d'évasion "complétement stupide" qui va lui "rajouter des problèmes". "Mais en même temps, ça a été déclencheur d'une nouvelle vie, ça m'a permis de me remettre en question", explique-t-elle.

MM avec AFP et GB