Une famille conteste son OQTF: "Ils nous mettent tous dans le même panier, c'est injuste"

Bruno Retailleau réunit ce mardi, à 10h, 21 préfets pour chercher des solutions afin d’accélérer les expulsions d’étrangers en situation irrégulière. En 2022, 134.280 OQTF ont été prononcées, mais ces ordonnances de quitter le territoire n’ont donné lieu qu’à 9.265 expulsions, soit un peu moins de 7% d'exécution.
Le débat sur l'exécution des OQTF a été relancé fin septembre après le meurtre de Philippine. Le meurtrier présumé de cette étudiante, un ressortissant marocain de 22 ans, était sous le coup d'une OQTF. Sur les 135.000 OQTF émises en 2022, moins de 10% ont été émises pour des raisons liées à des menaces à l’ordre public ou pour des condamnations pénales. Pour le reste, il s’agit par exemple de refus de régularisation de la situation des personnes vivant sur le sol français.
Des décisions parfois difficiles à comprendre pour les concernés. C’est le cas de cette famille dans le sud-ouest de la France. Une OQTF a été émise à leur encontre en 2023. C’est avec inquiétude que Zineb, mère de quatre enfants, accueille la nomination du nouveau ministre de l'Intérieur.
“Ils sont en train de nous mettre tous dans le même panier. Il y a des délinquants, mais il y a aussi des familles”, déplore-t-elle.
Cela fait 10 ans que sa famille est partie d’Algérie pour s’installer en France. Elle a fait le choix de rester malgré plusieurs OQTF, que Zineb conteste devant la justice.
“C’est injuste. Personnellement, j’ai travaillé, j’ai cotisé et mon mari était bénévole dans une association, aux Restos du cœur, pendant six ans. Il a un CDI. Si ça, ça ne prouve pas qu’on est intégré et qu’on est de bonnes personnes, je ne vois pas ce qu’on pourra faire d’autres”, indique-t-elle.
Peu de recours possible
D’autant que retourner en Algérie, cela lui semble impossible aujourd'hui. “Mes enfants ont fait leur scolarité ici. Ils ne parlent pas arabe. Je ne me vois pas mettre mon fils en Algérie alors qu’il ne sait pas dire un mot d’arabe”, plaide-t-elle.
Et pour Kayra, sa fille de 19 ans, la menace d’une OQTF pèse aussi au-dessus de sa tête. En cas de contrôle, elle peut être amenée directement en centre de rétention administratif, alors elle se fait discrète.
“Quand je sors, j’ai peur de croiser la police. Je ne fréquente même pas de personnes de peur qu’elles soient problématiques. C’est vraiment une peur au quotidien. Je sors, je suis stressée, et quand je rentre à la maison, j’angoisse aussi”, pointe-t-elle.
Kayra a fait appel de la décision. C’est son dernier recours pour faire annuler cette OQTF.