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Police-Justice

Une femme kamikaze, une première: "La femme frappe beaucoup plus durablement les esprits"

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ANALYSE - C’est une première en Europe et c'est une première pour l'Etat islamique. Ce jeudi, une femme kamikaze s'est fait exploser avec un gilet piégé alors que le Raid menait un assaut contre une cellule terroriste à Saint-Denis. Pour l'ancien agent de la DGSE, Pierre Martinet, "il s'agit d'une suite logique".

Hasna Ait-Boulahcen, jeune Française de 26 ans, née à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine), en 1989, est tristement entrée dans l'Histoire ce jeudi. En effet, la cousine d'Abdelhamid Abaaoud, le cerveau présumé des attentats de vendredi dernier à Partis, est la première femme kamikaze à avoir opéré en France et même en Europe, une première aussi pour l'Etat islamique. Car jusque-là, en Syrie ou en Irak, l'organisation n'a jamais utilisé de femmes pour commettre des attentats-suicides.

Là-bas, ce sont les hommes qui montent dans ces camions blindés remplis d'explosifs pour aller se jeter sur des cibles militaires syrienne ou irakienne. Sur place, les femmes sont utilisées pour d'autres tâches, dans les rues de Raqqa ou Mossoul pour faire respecter la Charia, par exemple. Toutefois, l'utilisation d'une femme pour commettre un attentat n'étonne pas l'ancien agent de la DGSE, Pierre Martinet.

"C'est la guerre totale"

"C'est simplement la suite logique et le développement de toutes les cellules kamikazes de Daesh, note-t-il. Il faut savoir aussi qu'ils partent faire le jihad. Alors peut-être qu'après-demain on aura des enfants qui viendront se faire sauter. C'est le concept de la guérilla. Et aujourd'hui la guérilla moderne emploie des camions piégés, des voitures piégées, des bombes humaines, des kamikazes… Ils sont prêts à tout. C'est la guerre totale".

Pour autant, dans l'Histoire, d'autres organisations terroristes ont déjà eu recours aux femmes kamikazes. Ainsi, au début des années 2000, le Hamas a eu recours à elles dans des attentats contre Israël. Puis Al-Qaeda a également eu recours à des femmes en Irak à partir de 2005. Plus récemment, c'est Boko Haram qui envoie parfois de très jeunes filles se faire exploser sur des marchés du Nigeria. Mais alors, pourquoi est-ce un changement si important dans les actes de Daesh?

"La femme éveille moins les soupçons"

Pour Carole André-Dessornes, docteur en sociologie, auteur du rapport "Le phénomène des femmes martyres dans le monde" et spécialiste du Moyen et du Proche Orient, "ils ont utilisé une femme parce qu'ils savent pertinemment que la femme frappe beaucoup plus profondément et durablement les esprits."

Et de s'expliquer: "En effet, en Occident, nous ne sommes pas habitués à ça. On est encore dans une logique un petit peu caricaturale où on est encore à penser que la femme donne la vie, elle ne peut pas l'ôter. Elle éveille donc moins de soupçons." Elle estime enfin "que cela peut être aussi un moyen de convaincre d'autres hommes à s'engager dans ce type de lutte. Relancer quelque part le volontariat auprès des hommes".

M.Ricard avec C.Martelet et A.Bouitcha