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Police-Justice

Une filière tchétchène d’immigration irrégulière démantelée à Reims

Image d'illustration - Un agent des douanes françaises en mars 2021

Image d'illustration - Un agent des douanes françaises en mars 2021 - JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP

Onze personnes ont été mises en examen à Reims, suspectées de faire partie d’un réseau d’immigration clandestin entre la France et la Russie. Elles auraient fait entrer illégalement en France des centaines de citoyens tchétchènes sans titre de séjour. Neuf suspects ont été placés en détention provisoire.

L’enquête a commencé il y a un an, en juin 2023. À l’origine, ce sont des contrôles routiers qui ont mené à son ouverture: régulièrement, en France et en Suisse, "plusieurs individus russes d’origine tchétchène” sont arrêtés alors qu’ils effectuent des trajets internationaux. Ils sont “accompagnés de personnes d’origine tchétchènes sans titre de séjour”, annonçait lundi 3 juin la procureure de Lille, Carole Etienne.

Pendant l’un de ces contrôles à la frontière franco-italienne, un passeur est interpellé. C’est l’exploitation de son téléphone qui a permis de remonter jusqu’à ses complices, explique le Major Christophe, chef du groupe chargé du démantèlement des filières de Reims.

“Ce réseau est basé à Reims. Les chauffeurs du réseau traversaient l’Europe jusqu’aux limites Est de l’espace Schengen, pour récupérer des migrants, majoritairement des Tchétchènes fuyant la guerre, et regroupés dans des camps. Contre rémunération, les passeurs les acheminaient ensuite par la route, jusqu’en Allemagne et en France”.

Les investigations se poursuivent

Selon l’enquêteur, plusieurs centaines de personnes auraient ainsi rejoint ces deux pays. Cette enquête a nécessité une grande coopération française et internationale. Pendant un an, les enquêteurs de l’Office de lutte contre le trafic illicite de migrants (OLTIM) de Metz ont travaillé en coopération avec les polices slovènes, allemande et suisse. Sur la phase d’interpellation, ils ont été assistés des antennes de Roissy, Lille et Nantes.

Grâce à de nombreuses filatures, écoutes téléphoniques et surveillances, ils ont pu remonter jusqu’à onze suspects. “Ce sont les acteurs principaux du réseau, explique l’enquêteur, des organisateurs, à différents niveaux, ainsi que des chauffeurs”. “Des infractions à la législation sur les armes ont également été découvertes”, rapporte le parquet de Lille.

La semaine dernière, le 28 mai, onze personnes, majoritairement d’origine tchétchène, ont été interpellées à Reims et dans les alentours. À l’issue de leur garde-à-vue, elles ont été mises en examen pour “participation à une association de malfaiteurs”, “blanchiment aggravé” et “aide à l'entrée, à la circulation ou au séjour irréguliers d'un étranger”.

Parmi elles, neuf ont été placées en détention provisoire en l’attente de leur procès, deux ont été placées sous contrôle judiciaire. Les investigations se poursuivent pour identifier d’éventuels complices des mis-en-cause, et démanteler l’intégralité de ce réseau tentaculaire.

Lucile Pascanet avec C.A