Val-d'Oise: "Je demande aux jeunes de se calmer et de prier pour Adama"
Des violences ont éclaté pour la deuxième nuit consécutive de mercredi à jeudi dans le Val-d'Oise, après la mort d'Adama Traoré. Plus précisément, le jeune homme est décédé mardi soir, le jour de ses 24 ans, peu après son interpellation par des gendarmes à Beaumont-sur-Oise. L'annonce de la mort d'Adama avait été suivie d'échauffourées dans la nuit de mardi à mercredi sur les communes de Beaumont-sur-Oise, Bruyères-sur-Oise et Persan. Alors qu'une enquête conjointe de la section de recherches et de l'inspection générale de la gendarmerie est en cours, deux versions s'affrontent. Du côté des forces de l'ordre, un malaise cardiaque est évoqué et du côté habitants, on parle de bavure policière.
"Je veux savoir la cause de sa mort"
Une vingtaine de proches et amis d'Adama Traoré s'est rendue ce mercredi à la mairie de Persan pour exiger des réponses, d'autant plus qu'ils n'ont toujours pas pu voir le corps. "Pourquoi ils le cachent tant? C'est qu'ils ont fait un truc de ouf (sic) s'ils cachent le corps", croit savoir l'un d'eux. De même, Jawad, un des copains d'Adama, n'arrive pas à croire à la crise cardiaque évoquée par la police: "Il fait du sport tous les jours, de la muscu, du foot. Il n'a jamais eu un problème ou quoi que ce soit et, là, le jour de son anniversaire, il ferait une crise cardiaque. Tout le monde sait que c'est faux".
La famille l'affirme: depuis la mort d'Adama, la gendarmerie leur a fourni plusieurs versions. Epilepsie, malaise cardiaque… Oumou Traoré, la mère du jeune homme, veut la vérité. "Je veux savoir la cause de sa mort, indique-t-elle. Je veux le voir pour pouvoir faire son deuil". Et de lancer un appel au calme: "La violence n'apporte rien. Je demande aux jeunes de se calmer et de prier pour Adama. Qu'ils cassent les voitures, les magasins, cela ne sert à rien. Ce n'est pas ça qui va faire revenir Adama".
"Je veux savoir la vérité"
De même, Hawa, la sœur jumelle d'Adama, assure ne pas comprendre pourquoi on ne leur a toujours pas permis de voir son corps. Elle voudrait des réponses pour faire son deuil. "Je veux savoir dans quelles circonstances il est mort, affirme-t-elle. C'est mon combat depuis que j'ai appris son décès". Et d'estimer que "les émeutes qu'il y a depuis, c'est parce que nous sommes sans réponse. On nous laisse dans le flou…"
"On est en colère, énervés car nous voulons la vérité", s'emporte Sofiane, un proche d'Adama. Pour lui, les gendarmes sont responsables: "Un contrôle d'identité poussé qui dégénère peut provoquer la mort mais pas un simple contrôle d'identité. Cela aurait été l'inverse, cela aurait déjà été jugé. Le jeune qui aurait tué le gendarme aurait pris 25 ans de prison. Aujourd'hui, c'est dans le sens inverse. On veut donc une justice et que la personne qui a fait ça prenne 25 ans".