Violences dans les manifestations: "C'est difficile de ne pas répondre" témoigne un policier

C'est presque devenu un marronnier. A chaque mouvement social d'ampleur, les forces de l'ordre sont accusées de violences par des manifestants et des associations. De l'autre côté, les gouvernements successifs, par la voix de leur ministre de l'Intérieur, balaient systématiquement les accusations de "violences policières". Et dans l'hémicycle, les antagonismes se suivent et se ressemblent. A gauche, on déplore ces violences tandis qu'à droite, on les compare à des légendes urbaines.
Le mouvement contre la réforme des retraites ne fait pas exception. Et alors que les Brav-M, ces brigades mobiles fondées par l'ancien préfet de police de Paris Didier Lallement, cristallisaient jusque-là les tensions, les violents affrontements qui ont eu lieu ce samedi à Sainte-Soline et qui ont fait deux blessés graves parmi les manifestants, ont élargi les critiques à l'ensemble des forces de l'ordre.
Des policiers visés par de l'acide et des boules de pétanque
Du côté des fonctionnaires chargés du maintien de l'ordre, on déplore des petits groupes minoritaires de plus en plus violent: "Quand on fait du maintien de l'ordre, on se fait jeter des boules de pétanque et de l'acide, c'est difficile de ne pas répondre avec la force proportionnelle", raconte ce jeudi sur le plateau des "Grandes Gueules" Cédric, policier dans l'Isère.
"Lors de la manifestation nationale de mardi à Lyon, le cortège est parti et au bout de trois minutes, ils ont dû exploser le début du cortège parce que des gens en noir jetaient déjà des boules de pétanque. On est obligé d'exploser le haut du cortège pour séparer les violents des autres manifestants", raconte-t-il sur RMC et RMC Story.
"Quand on vous nasse, la violence monte en vous"
Emmanuelle, "gilet jaune", "pacifique", de la première heure, raconte avoir subi des nasses et des violences qui l'ont convaincue de ne plus défiler. "Je me suis fait "nasser" pendant plusieurs heures avec des grenades, du gaz lacrymogène, c'était très traumatisant. Quand on vous nasse, la violence monte en vous. Aujourd'hui, je ne vais plus en manifestation parce que j'ai peur d'être éborgnée et parce que j'ai trop de violence en moi alors que je suis pacifique à l'origine", reconnaît-elle.
Pour Kaouther Ben Mohamed, "il y a un problème de violences récurrentes dans la police", assure-t-elle, évoquant les morts de Malik Oussekine, Rémi Fraisse et Zineb Redouane. "Il y a eu un basculement avec la réforme El-Khomri et les 'gilets jaunes': on a l'impression que la police est utilisée à des fins d'intimidation de la population qui n'est pas d'accord avec le pouvoir en place", estime la présidente de l'association Marseille en colère.
De son côté, l'enseignant Kevin Bossuet estime qu'il n'y a pas de "violences policières": "Il y a certains policiers qui se comportent très mal mais c'est comme si on parlait de violences enseignantes pour quelques enseignants qui se comporteraient mal ou de violences infirmières pour quelques infirmiers qui se comporteraient mal", juge-t-il.