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Policiers en burn-out: "Faire du chiffre, ça les détruit"

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Les policiers descendent dans la rue ce jeudi. Ils réclament davantage de moyens alors que l'état d'urgence rend la charge de travail de ces policiers beaucoup trop lourde. RMC s'est rendue au Château Courbat dans un établissement de santé qui accueille les agents des forces de sécurité en burn-out.

En plein état d'urgence, les policiers manifestent ce jeudi. Le syndicat SGP Police demande plus de moyens. Si des moyens de protection supplémentaires ont été mis en place (boucliers par balle, fusils d'assaut, casque par balle), sur la fiche de paie, rien n'a changé.

Et selon Nicolas Comte, secrétaire général adjoint du syndicat, il y a urgence: "Mes collègues sont épuisés, ils vont assureur leur mission parce que c'est leur métier, mais à un moment ils exigent que ces missions fatigantes et dangereuses soient reconnues à leur juste niveau et ça passe par la rémunération".

Sous pression depuis des mois, certains craquent. RMC s'est rendue au Château Courbat en Indre-et-Loire, un établissement de santé de 80 hectares qui accueille les agents des forces de sécurité en état d’épuisement professionnel.

"Beaucoup de pression et de non-reconnaissance"

Michel, 52 ans, était chef d'équipe dans un commissariat du Nord. Il est arrivé dans l'établissement le 14 février dernier: "On gérait 850 dossiers à 11. On est passé à 1200 dossiers pour 8. Quand on réclame du personnel, on nous dit non. On m'a dit que je sortais 1,78 dossier par jour alors que je devrais en sortir 2. Ils vont loin dans les statistiques. C'est beaucoup de pression et de non-reconnaissance. Un soir où j'en ai eu vraiment ras-le-bol, j'ai pris des médicaments et de l'alcool. J'ai été aux urgences et en psychiatrie".

Aujourd'hui, Michel va mieux. Il réapprend à vivre normalement mais après 34 ans de service, il envisage de quitter la police: "A contrecœur, je vais abandonner la police pour trouver un emploi dans le privé. J'aimais bien mon boulot de flic, mais je ne peux plus le faire".

"Des patients de plus en plus jeunes"

Mais ce qui inquiète le plus Billy Titus, policier assistant médico-social, c'est de voir arriver de nouveaux profils: "Les policiers arrivent ici de plus en plus jeunes. Faire du chiffre, du rendement, ça casse une solidarité au sein du groupe, ça les détruit. Ils ont une surcharge de travail qui les mène au burn-out".

Depuis les attentats de Charlie Hebdo, les policiers sont particulièrement vulnérables estime Fréderique Yonnet qui dirige l'établissement de santé Le Courbat depuis 5 ans: "Les policiers que nous recevons à l'heure actuelle sont dans un état d'épuisement tout à fait particulier. L'état d'urgence, la COP21, l'Euro à venir et toutes les missions en cours en ont rajouté. Ce qui apparaît c'est une forme d'ambivalence: l'épuisement dont ils sont parfaitement conscients et le maintien en service et le respect de la mission qui leur a été confiée. Ils continuent pour ne pas laisser leurs collègues mais à un moment ils s'écroulent".

la rédaction avec Marion Dubreuil