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Alcool à l'Assemblée: "Il y a un problème dans tous les groupes", reconnaît une députée

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Le problème de l'alcool à l'Assemblée nationale a été soulevé à plusieurs reprises ces dernières semaines, notamment en raison des soirées à rallonge liées aux débats sur la réforme des retraites. Une décompression inquiétante de nos élus?

L'ambiance était électrique à l'Assemblée nationale pendant les débats sur la réforme des retraites. Une question est souvent revenue ces dernières semaines: certains députés avaient-ils un coup dans le nez ? Ce qui est sûr c'est que beaucoup d'entre eux boivent, surtout avant la séance du soir: "On vide les tonneaux à vitesse grand V", nous décrit une écologiste. Les serveurs de l'Assemblée sont débordés: "Impossible de trouver une place à la buvette" m'assure un macroniste.

De la bière, du vin, du champagne, des alcools forts, et la conséquence c’est qu'il n’est pas rare d'en voir certain hilares, visiblement très détendus, ou d'autres avec les lèvres et les dents noircies par le vin rouge.

"Il y a un problème dans tous les groupes, y compris le mien", reconnaît une insoumise.

Des députés RN ont fait inscrire leurs consommation sur l'ardoise des Insoumis

L’alcool qui permet, comme l'expliquent plusieurs élus, de “décompresser” voire même de “tenir” face au stress et à la charge de travail. Certains tentent d'ailleurs de feinter les serveurs de la buvette. Pendant plusieurs semaines, des députés RN ont fait inscrire leurs consommations non pas sur leur propre ardoise mais sur celle des insoumis. Il aura fallu du temps pour qu'ils s'en rendent compte. Le problème est depuis réglé, les députés du groupe RN payent désormais bien leurs verres.

En termes de santé publique: les députés ont-ils conscience du problème ? Des parlementaires ont exposé le problème au médecin de l’Assemblée qui constate effectivement que leur mode de vie n’est pas sain. Alors en moyenne les députés prennent 3 kg par ans, en partie à cause de l'alcool.

Le sujet a aussi été - selon le JDD - abordé en réunion entre présidents de groupe au début du mois et le sera de nouveau en avril. Alors, en attendant, chacun est appelé à la maîtrise. Les macronistes ont notamment reçu un message sur Whatsapp la semaine dernière leur priant de se contrôler.

Un assistant parlementaire LFI m’explique aussi qu’il veille au grain: "Hors de question que mon député boive. Je ne veux pas qu’on puisse penser qu’il est ivre quand il prend la parole", lance-t-il. Enfin, d’autres élus se sentent surveillés "Je fais profil bas, je n’ai plus le droit de déconner", admet l’un d’eux, déjà rappelé à l‘ordre.

Un problème de consommation d’alcool à l’Assemblée qui n’est pas nouveau. Bien sûr les débats houleux sur la réforme des retraites n’ont rien arrangé ces dernières semaines. Mais cette hausse de la consommation d'alcool serait en réalité surtout liée à une présence accrue des députés.

Du fait de la majorité relative, les votes peuvent se gagner à une voix près. Donc les députés sont beaucoup plus présents à Paris. Et donc ont mathématiquement plus de temps pour boire. Pour l'anecdote, il y a même une cellule de dégrisement dans les murs du Palais Bourbon, surnommée "le petit local". Mais elle n'est plus utilisée depuis la fin du 19e siècle.

Cyprien Pézeril (édité par J.A.)