Les plus riches mis à contribution, des fonctionnaires en moins: ce que contient le budget 2026

Le budget 2026 a été présenté ce mardi matin en Conseil des ministres, quasiment dans les délais constitutionnels pour que le texte soit examiné avant la fin de l'année.
Le budget du Premier ministre Sébastien Lecornu, propose un effort budgétaire d'une trentaine de milliards d'euros, selon l'avis rendu lundi par Haut conseil des finances publiques sur ce document.
Les plus riches mis à contribution
Du côté des recettes, l'essentiel de l'effort proviendra des plus aisés avec notamment la contribution sur les hauts revenus prolongée d'un an. Cette contribution différentielle sur les plus hauts revenus (CDHR), appliquée aux ménages dont les revenus dépassent 250.000 euros pour un célibataire et 500.000 euros pour un couple, fixe un taux minimal d'imposition de 20%.
La surtaxe sur le bénéfice des grandes entreprises instaurée en 2025 sera aussi prolongée mais en étant réduite de moitié. Cette contribution, qui concerne les 400 plus grandes entreprises qui réalisent un chiffre d'affaires d'au moins 1 milliard d'euros en France, devrait générer 4 milliards d'euros, moitié moins qu'en 2025.
Enfin le budget 2026 prévoit l'instauration d'une taxe sur les holdings patrimoniales, parfois utilisées pour contourner l'impôt. "Inspirée de taxes voisines en place dans plusieurs autres pays, comme les États-Unis et l'Irlande, cette taxe vise à faire échec aux stratégies de contournement de l'impôt par la thésaurisation de revenus non distribués dans des sociétés, ces revenus échappant ainsi à l'impôt", précise le document.
Des suppressions de postes?
Le projet de budget prévoit 3.119 postes de fonctionnaires en moins en 2026, avec un effort de "rationalisation" principalement porté par les opérateurs de l'Etat.
Avec "les réductions de postes prévues au sein des caisses de sécurité sociale, c'est au total 3.000 emplois qui ne seront pas remplacés et participeront à la maîtrise de l'emploi public", peut-on notamment lire. L'effort devrait se traduire par la suppression de 1.735 emplois publics parmi les 434 opérateurs et agences de l'Etat.
Ce budhet prévoit également un "gel de l'ensemble des retraites de base" en 2026 ainsi qu'un gel des prestations sociales comme des allocations familiales. Le projet de budget prévoit également de sous-indexer les pensions de 0,4 point pour les années suivantes, à partir de 2027.
Il prévoit également le remplacement de l'abattement de 10% sur les retraites par un abattement forfaitaire de 2.000 euros. Ce nouveau mécanisme aura a pour effet "d'améliorer la situation des couples de retraités les plus modestes" mais mettra plus à contribution les autres retraités.
Des dispositifs pour l'agriculture
Le projet de budget prévoit plusieurs mesures fiscales pour les agriculteurs réclamées notamment par l'alliance syndicale FNSEA-JA, qui s'opposent toutefois à la suppression d'avantages fiscaux pour les agrocarburants.
Deux dispositifs de soutien aux agriculteurs sont maintenus: la déduction pour épargne de précaution, qui permet aux agriculteurs de déduire une certaine somme de leur bénéfice imposable, est prolongée jusqu'en 2028. Cette épargne peut ensuite leur permettre de faire face aux aléas climatiques ou d'investir pour moderniser leur exploitation.
Le gouvernement souhaite aussi reconduire le crédit d'impôt en faveur de l'agriculture biologique, qui "s'inscrit dans un large écosystème d'aides permettant d'apporter un soutien important" à ce mode de production, indique le texte consulté par l'AFP. Le gouvernement a été accusé par la filière d'avoir baissé son soutien aux agriculteurs bio, notamment lors de la répartition des reliquats d'aides européennes, ce dont il se défend.
Une autre mesure phare demandée par les éleveurs qui font face à la multiplication de maladies animales dévastatrices était de défiscaliser les indemnisations accordées par l'Etat en cas d'abattage sanitaire.
Cette mesure, prévue sur trois ans, est assortie d'une condition qui prévoit le réemploi de l'indemnité perçue pour la reconstitution du cheptel abattu "dans un délai d'un an à compter de la date de sa perception".
Quant à la suppression de deux jours fériés envisagée par François Bayrou, il n'en n'est plus question.
"Très mauvais budget" selon Marine Le Pen
Ce projet de budget pour 2026 est "terriblement mauvais", a affirmé dans la foulée Marine Le Pen, qui entend censurer le gouvernement de Sébastien Lecornu et estime "qu'il manque une poignée de voix" pour y parvenir.
"Nous n'avons strictement rien à attendre de ce gouvernement", a déclaré la cheffe des députés Rassemblement national à l'Assemblée, fustigeant un budget dans lequel "les dépenses de l'Etat continuent à augmenter, au bas mot de 25 milliards" d'euros, et qui comporte "encore des nouvelles créations de taxes".
Ce budget, qui devrait être largement modifié par le Parlement, repose sur des hypothèses économiques "optimistes" sur la croissance visée en 2026, a estimé mardi le Haut conseil des finances publiques (HCFP).
Cet organisme, présidé par Pierre Moscovici et qui dépend de la Cour des comptes, a émis des doutes sur le niveau de croissance espérée par le gouvernement dans sa copie (1%), alors que les économies budgétaires risquent de peser sur l'activité.