Arnaud Montebourg sur RMC: "La pensée unique pro-bruxelloise nous mène au chaos et à la victoire du FN"
Union européenne, travailleurs détachés, écologie... Arnaud Montebourg a répondu en direct aux auditeurs de RMC.
- Pourquoi une telle perte de confiance des Français?
"Cette perte de confiance existe, il faudra la reconstruire, on ne pourra pas vivre dans un pays où il y a le Front national et la droite, ça n'est pas possible. Il y a toujours eu dans l'histoire de la France des gauches qui ont évolué et muté, la mutation aura lieu. Je pense que le moment est venu de tirer les conséquences d'un système qui est en train de s'effondrer, qui ne fonctionne pas parce que la société est en quelque sorte écrasée par le système politique. On n'entend pas les Français. On a un pays qui est complètement paralysé, qui n'arrive pas à se transformer au bénéfice de tous."
- Regagner de la souveraineté nationale
"Le système européen a pris l'essentiel des décisions, c'est l'Union européenne qui nous surplombe et tout le monde est d'accord avec ça. Tous les partis qui sont dans le consensus pro-bruxellois sont en train de tomber les uns après les autres. Cette situation où on applique des traités des règles européennes conduira tôt ou tard à la prise du pouvoir en France du Front national. Les autres partis refusent de se modifier et de modifier le système européen (...). Nous avons besoin d'union entre les Etats nation européens, cette union ne peut pas nous paralyser, elle nous a enlevé des outils de souveraineté pour agir et elle ne fait pas ce qu'elle avait promis de faire. La conséquence, c'est une paralysie au plan national et au plan européen et pendant ce temps là les autres continents continuent leur progression et nous, nous reculons."
- Agir contre la concurrence des travailleurs détachés
"On a mis en concurrence des travailleurs qui viennent de l'Europe de l'est. L'Union européenne ne peut pas continuer avec des directives de cette nature. Aujourd'hui il n'y a pas de majorité pour remettre en cause cette directive. Un pays en difficulté comme la France a le devoir de prendre des mesures unilatérales en disant cette directive nous porte un tort considérable. On a besoin de favoriser l'emploi local, c'est une question de volonté politique. A partir du moment où le gouvernement dit: 'moi cette directive je la suspends', ça va bouger en Europe. Mais personne n'ose le faire parce qu'on est dans une sorte de docilité, de conformisme qui n'est pas acceptable."
- Faut-il autoriser le gaz de schiste?
"Je n'ai jamais été favorable au gaz de schiste avec une exploitation à l'américaine, c'est-à-dire polluante, j'ai toujours été favorable à la recherche de procédés qui nous permet d'extraire du gaz proprement. Si cette technologie existe, elle mérite d'être expérimentée.
Le modèle énergétique doit évoluer, je travaille moi-même dans une entreprise qui vend des éoliennes domestiques. Le véritable sujet c'est qu'on n'a pas mis suffisamment d'argent pour modifier la donne énergétique des bâtiments publics-privés. Nous pourrions avoir un extraordinaire plan de relance massif qui permettrait en empruntant sur 30 ou 40 ans de rentabiliser des investissements qui aujourd'hui ne se font pas. Cela ferait travailler des centaines de milliers de personnes et nous pourrions ainsi relancer le pays pour l'investissement."
- Quelle place pour les citoyens dans la politique?
"Je suis favorable à l'intrusion des citoyens dans le système politique. Aujourd'hui, on réfléchit sur notre plate-forme participative. On a le droit de voter et de faire voter sur des propositions qu'on inscrit soi-même. Chaque citoyen peut faire voter les autres. Il y a un plébiscite en ce moment, c'est le tirage au sort. Aujourd'hui, les fonctions de contrôle pourraient être exercées par des citoyens, je l'ai fait en Saône-et-Loire. A un moment donné, il a fallu faire un plan de sauvetage. J'ai dit à l'opinion publique de mon département: la hausse d'impôt je la réserverai aux personnes âgées dépendantes. Je veux qu'un jury citoyen tiré au sort sur les listes électorales contrôle cet engagement. Le jury a travaillé et a contrôlé mon engagement. Pourquoi on ne pourrait pas le faire sur le plan national?"