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Politique

Audiovisuel public: l'examen de la réforme suspendu après un accrochage avec Rachida Dati

La ministre de la Culture Rachida Dati à Matignon le 23 septembre 2024

La ministre de la Culture Rachida Dati à Matignon le 23 septembre 2024 - Ian Langsdon

Le projet de rapprochement des entreprises de l'audiovisuel public, Radio France et France Télévisions en tête, a commencé mardi à être examiné en commission à l'Assemblée nationale, au deuxième jour d'une grève pour s'y opposer.

L'examen du projet de réforme de l'audiovisuel public a été suspendu en commission à l'Assemblée nationale mardi soir, après ce que des députés de gauche ont dénoncé comme un "grave" incident entre Rachida Dati et une fonctionnaire, ce que la ministre conteste.

"Il y a eu un échange vif avec une administratrice", hors caméras, selon l'entourage de la ministre de la Culture, qui récuse toute insulte. La décision de suspendre l'examen du texte est "politique" car la gauche n'obtenait pas les votes voulus, a-t-on ajouté de même source.

De son côté, la présidente de la commission des Affaires culturelles, la socialiste Fatiha Keloua Hachi, a rapporté que Rachida Dati "a pris à partie une fonctionnaire de l'Assemblée nationale" durant une pause. "Je ne peux tolérer ce type de comportement", a-t-elle déclaré dans un communiqué.

"Parce que les conditions ne sont pas réunies pour avoir un débat apaisé, j'ai décidé de suspendre l'examen de ce texte" de réforme de la gouvernance de l'audiovisuel public, a-t-elle annoncé, alors que les débats avaient démarré dans l'après-midi et qu'un millier d'amendements restent au menu.

"Indigné"

Le député LFI Aurélien Saintoul, présent au moment de l'échange incriminé dans une salle qui s'était vidée, s'est dit "indigné" qu'une fonctionnaire soit mise en cause car les travaux n'allaient pas assez vite.

Le gouvernement venait de déposer des amendements de dernière minute, pratique contre laquelle la gauche s'était élevée. "Nous allons déterminer les suites à donner à cet incident d'une extrême gravité", a indiqué le député PS Emmanuel Grégoire, particulièrement mobilisé contre ce texte.

Fatiha Keloua Hachi a contacté la présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet. Co-rapporteure de la proposition de loi à l'examen, la députée LR Virginie Duby-Muller a estimé sur X que "cette suspension n'a pas d'autre motif que d'empêcher le texte d'être adopté".

"Tous les prétextes sont bons y compris le mensonge après de multiples amendements d'obstruction", alors que "cette réforme est urgente pour renforcer notre audiovisuel public", a-t-elle lancé. Elle prévoit de créer une holding, France Médias, qui chapeauterait France Télévisions, Radio France, l'Ina (Institut national de l'audiovisuel), sous l'autorité d'un(e) président(e).

Contrairement aux plans initiaux, France Médias Monde, branche internationale de l'audiovisuel public français (RFI, France 24), pourrait être exclue de cette holding. Une part des salariés du secteur, Radio France et France Télévisions en tête, ont fait grève lundi et mardi contre le projet.

C.A avec AFP