RMC

Avec Ayrault, Hollande a trouvé (bien) plus normal que lui

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno, du lundi au vendredi à 8h20 sur RMC.

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno, du lundi au vendredi à 8h20 sur RMC. - -

Le nouveau président de la République a inauguré mardi son mandat en nommant Jean-Marc Ayrault au poste de Premier ministre. C'est la première décision vraiment «normale» du président Hollande...

Le ton de son discours d’hier à l’Elysée, ses orientations politiques, l’omniprésence de sa compagne, tout cela est discutable. Le choix de Jean-Marc Ayrault, lui, ne se discute pas. Il est celui qui correspond le mieux à l’équation politique du moment : un fidèle, respecté par l’ensemble des socialistes. Il est même l’incarnation du socialiste type : fils d’ouvrier, prof de collège, élu d’une grande ville de province, issu à l’origine de la gauche du PS – à peu près l’inverse du parcours de F. Hollande… L’homme « normal » de l’exécutif, ce sera lui.

Est-ce qu’on peut s’attendre aussi à ce qu’il soit un Premier ministre classique – un peu comme l’était François Fillon ?

Pour l’effacement et l’obéissance, c’est probable. Surtout, ce sera un chef de gouvernement de culture parlementaire. Il a été le chef des députés PS pendant 15 ans, mais jamais ministre (comme François Hollande).
Attention : ça ne signifie pas forcément qu’il laissera beaucoup de pouvoir au Parlement – quand on dit qu’Ayrault « maîtrise » le fonctionnement de la machine parlementaire, ça peut vouloir dire qu’il le connaît, mais aussi qu’il le contrôle. Il ne faut pas se laisser prendre à son air de chien triste : il est terne mais pas faible. Ayrault, ce n’est ni la gauche molle ni la gauche folle. En fait, c’est un spécialiste du verrouillage. C’est sûrement pourquoi François Hollande choisit d’en faire un homme clé.

On dit aussi qu’il a un atout : il parle allemand ; et un point faible : il a été condamné (en 1997) dans une affaire de favoritisme à Nantes...

François Hollande a été imprudent de dire qu’il ne s’entourerait que de gens irréprochables. Cela dit, la condamnation de Jean-Marc Ayrault est ancienne. En fait, quand les socialistes disent en chœur qu’il a été « réhabilité », il faudrait dire qu’il a bénéficié d’une amnistie – mais « amnistie », c’est un mot qui porte malheur en politique… Quant à l’allemand, c’est en effet un atout. Mais aussi un facteur de complication pour le nouvel exécutif : d’ordinaire, le Premier ministre n’a pas de rôle international. Peut-être que lui en jouera un. L’histoire retiendra alors qu’il a fallu un homme réservé à Matignon pour mettre fin au fameux « domaine réservé » du président…

Un mot sur les cérémonies d’hier et ses symboles ?

Jules Ferry, Marie Curie, c’était beaucoup de marketing pour pas grand-chose. Et quand la mise en scène est excessive, c’est l’imprévu qui fait sens. Pendant la campagne, François Hollande a toujours su passer entre les gouttes. Hier, il a fini par se mouiller – et pas qu’un peu ! Et puis la foudre a obligé son avion à rebrousser chemin quand il partait pour Berlin, où il a juré de faire plier Angela Merkel. Il a pu repartir et la rencontre a eu lieu, mais le symbole, c’était celui d’un premier retour sur Terre.

Pour écouter le Parti Pris d'Hervé Gattegno ce mercredi 16 mai, cliquez ici.

Hervé Gattegno